Messieurs les Ministres,
Vous vous rencontrez à un moment crucial pour l’avenir de la sidérurgie en Europe et en particulier dans la Grande Région (Luxembourg, Lorraine, Wallonie), durement frappée par la fermeture « définitive » du site de Liège et la fermeture « provisoire » des sites de Florange, de Schifflange et de Rodange, mais aussi par l’annonce d’autres plans inquiétants de réductions de coûts du personnel (« Lean » et « Omega »).
Ces mesures interviennent alors que l’assemblée générale du groupe ArcelorMittal a décidé le payement d’un dividende trimestriel à ses actionnaires au cours de l’année 2012. Elles se feront donc exclusivement sur le dos des travailleurs concernés partout en Europe et même dans le monde, ainsi qu’aux frais des contribuables qui supportent intégralement le coût social des restructurations au Luxembourg.
Nous pensons que l’industrie sidérurgique a un grand avenir en tant qu’industrie de base, mais que les pouvoirs publics devront se réapproprier les moyens de peser sur les grandes décisions en matière industrielle. Nous voudrions tout particulièrement souligner le modèle sarrois de contrôle public de sa sidérurgie qui profite encore actuellement à son économie.
Nous sommes convaincus qu’il est rationnel de maintenir une industrie sidérurgique forte dans notre bassin minier et métallurgique disposant d’une expérience séculaire en la matière.
Nous sommes convaincus aussi de la nécessité d’une politique de relance industrielle basée sur la demande de produits qualifiés, sur la coopération et non la concurrence entre les sites telle qu’elle se pratique actuellement, y compris au sein du groupe ArcelorMittal. Une telle politique rend évidemment nécessaire une véritable politique industrielle au niveau européen.
Au vu des urgences actuelles, nous vous prions tout particulièrement d’envisager des mesures dans les directions suivantes:
-décider d’un audit public concernant les possibilités concrètes du maintien et du développement d’une sidérurgie intégrée dans la Grande Région, basée sur la coopération ;
-se concerter sur les possibilités d’obliger légalement ArcelorMittal à investir et à produire à long terme sur les sites concernés, notamment par des clauses pénales, d’expropriations et même de nationalisation ;
-mettre ensemble à l’ordre du jour de la politique européenne le développement d’une politique européenne de l’acier basée sur l’harmonisation des prix, des salaires et de la recherche.
Veuillez agréer, Monsieur Montebourg, Monsieur Schneider, l’expression de notre parfaite considération.
Fabienne Lentz Serge Urbany
David Wagner
Porte-parole Député