Pour une mise au pas des marchés financiers

>>> deutsche Fassung <<<

La spéculation à l’échelle mondiale représente plusieurs fois les richesses produites sur la planète. Le manque de régulation et des montages sophistiqués la rendent totalement incontrôlable. Cette dictature des marchés financiers sur l’économie réelle, les États et la société doit cesser. Depuis l’éclatement de la crise financière en 2008, rien de fondamental n’a changé. Les mesures prises n’ont pas permis de contrôler les banques et de les mettre au service de l’économie réelle. Les fonds spéculatifs gardent toute leur liberté sans être aucunement contrôlés et le risque de futures bulles spéculatives reste patent. Avec l’argent des contribuables les caisses des spéculateurs en faillite ont été recapitalisées et leur richesse ne cesse d’augmenter comme avant 2008. Devant l’interdiction d’entraide des pays de l’Union, inscrite dans les traités européens, des agences privées (Moody’s, Fitch, Standard & Poors) ont noté les Etats comme s’il s’agissait d’entreprises courant à la faillite et les «marchés financiers» ont nourri une montée fulgurante des intérêts à payer aux spéculateurs sur les titres de la dette publique, mettant en péril la stabilité économique de pays entiers. Les responsables européens se trouvaient ainsi confrontés au risque d’éclatement de la zone Euro. Mais au lieu de mettre en question leur système défaillant de construction de l’Union économique et monétaire ils ont aménagé – toujours au dernier moment – des systèmes de coupe-feu: prêts bilatéraux, fonds d’aide provisoire, Fonds européen de stabilité financière, Mécanisme européen de stabilité; tout cela en imposant aux pays «aidés» des mesures d’austérité étouffant l’activité économique et rendant encore plus difficile le rééquilibrage des finances publiques.

déi Lénk veut:

1. Annuler la dette publique illégitime. Pour y parvenir, il faut réaliser un audit de la dette publique, sous contrôle des parlements, et des organisations non gouvernementales de la société civile. Un tel audit permet de poser les questions centrales, c’est-à-dire à quoi a servi le crédit, qui a en profité et dans quelles poches est passé l’argent. L’audit permettra de déterminer les différentes responsabilités dans le processus d’endettement et d’exiger des comptes aux responsables.

2. Rendre aux Etats et leur pouvoir législatif, leur capacité de contrôle et d’orientation de l’activité économique et financière. Ils doivent disposer du droit d’emprunter de l’argent à la Banque centrale européenne, sans passer obligatoirement par les marchés financiers:

3. Réguler strictement le secteur financier Le dogme libéral selon lequel le marché, livré à lui-même, permettrait une allocation optimale des capitaux est démenti par les faits, la crise. Il faut:
• surveiller les marchés financiers par l’intermédiaire de chambres de compensation qui enregistrent les achats et les ventes et qui demandent des garanties aux débiteurs
• restaurer un contrôle des mouvements de capitaux au niveau européen
• lutter contre les détournements fiscaux (paradis fiscaux, fraude fiscale, optimisation fiscale).

4. Interdire la spéculation sur les titres de la dette publique, sur les monnaies, sur les aliments, sur les êtres vivants et sur les terres. Il faut également interdire les fonds qui n’ont d’autre but que la spéculation, telles les hedge funds, ainsi que des transactions à haut risque comme celles concernant les «produits dérivés» et la vente des titres à découvert. L’introduction d’une taxe sur les transactions financières, pour laquelle onze Etats membres de l’UE se sont déjà prononcés, est une priorité. Elle permettra d’une part de décourager la spéculation en introduisant un «grain de sable» dans les transactions les moins utiles à l’économie réelle et d’autre part à faire payer les spéculateurs pour la crise qu’ils ont provoquée. Enfin elle constitue une source de financement de grands projets de solidarité internationale et notamment du budget européen. Le Luxembourg doit rejoindre ces onze pays membres.

5. Considérer les banques comme des services publics. Les principales banques et assurances doivent passer sous contrôle public. Le pouvoir de création monétaire – de l’ordre de 80 % de la masse monétaire au sens strict la zone Euro – et l’approvisionnement de l’économie en crédits sont trop importants pour être confiés essentiellement à des banquiers privés. Les activités des banques doivent être séparées en activités de dépôts et d’affaires.

6. Lutter contre les paradis fiscaux, qui sont au service de la fraude fiscale et financière. Une manière déterminée consiste à interdire à toute personne et entreprise de l’U.E. de réaliser des transactions passant par un paradis fiscal.

7. Que le Luxembourg coopère avec les autres pays dans le cadre d’un échange automatique des informations au niveau des placements effectués et des revenus encaissés, et cela sur toute la gamme des produits; y compris notamment les fonds de placement et les actions. Il faut cesser de mener une politique consistant à attirer les grandes fortunes et les entreprises multinationales en leur faisant des cadeaux fiscaux.

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