Lettre ouverte au gouvernement à propos de la crise grecque

A l’attention de:

Monsieur Xavier BETTEL, Premier Ministre, Ministre d’Etat

Monsieur Jean ASSELBORN, Ministre des Affaires étrangères et européennes

Monsieur Pierre GRAMEGNA, Ministre des Finances

 

Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et européennes,

Monsieur le Ministre des Finances,

Nous nous adressons à vous, en votre qualité de représentants luxembourgeois engagés au premier plan lors des négociations sur l’avenir de la Grèce au sein de la zone euro.

Devant les yeux sidérés de l’opinion publique européenne se déroule actuellement ce qu’on appelle un “bras de fer” entre ceux qui sont perçus comme les gardiens du temple de l’orthodoxie financière et les représentants de tout un peuple qui ont été élus pour mettre un terme à une austérité cruelle, découlant des charges qui lui ont été imposées, tout en affirmant vouloir négocier le remboursement de la dette en le liant à une amélioration de la situation économique et sociale.

Nous pensons que les gouvernements de chaque pays portent une responsabilité vis-à-vis de leurs populations respectives dans ce débat sur l’avenir de l’Europe – car il s’agit de cela et non seulement de la Grèce – et ne doivent pas se cacher derrière un programme technocratique qui a fait faillite et dont rien, dans les textes, ne dit qu’il doit rester gravé dans le marbre.

L’Eurogroupe, par son scandaleux “ultimatum” imposé à un peuple, le prenant en otage, s’est de toute évidence retranché pour l’instant sur la position la plus dure, celle du Ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, alors que, d’après le gouvernement grec, d’autres possibilités auraient existé, laissant la dignité et la liberté de gouverner au nouveau Gouvernement.

Si cela était vrai, cela signifierait que la démocratie devrait s’incliner devant ce qui a été une fois décidé, sous la pression, et que des changements ne seraient pas possibles dans le cadre de l’union monétaire dans le sens d’une plus grande justice redistributive.

Nous pensons, Messieurs, que le Luxembourg, qui doit beaucoup, dans l’après-guerre, à la solidarité européenne, ne devrait pas être en cette heure du côté de ceux qui, comme notamment les dirigeants allemands actuels, défendent les intérêts des banques et des riches créanciers en Europe.

Nous estimons que la population du Luxembourg est en droit de connaître la position du Gouvernement luxembourgeois face à la crise grecque et nous attendons de lui qu’il exprime clairement comment il veut contribuer à sa résolution, notamment au niveau de la coopération économique bilaterale et de l’aide concrète contre l’évasion fiscale via le Luxembourg et sa place financière par des entreprises et des personnes physiques grecques. Nous pensons également que le Gouvernement luxembourgeois doit exprimer son opinion à propos des politiques d’austérité décidées pour la Grèce, et exprimer clairement si la Grèce doit continuer à appliquer ces politiques ou si elle peut changer de cap comme le souhaite le Gouvernement grec.

L’avenir de l’Europe est aussi entre vos mains!

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Ministres, nos sentiments distingués.

Serge Urbany
Justin Turpel

 

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