L’Union européenne et ses Etats-membres ont une coresponsabilité pour les causes qui sous-tendent les flux migratoires actuels. Par une politique étrangère hasardeuse, peu cohérente et souvent militariste, ainsi que par le soutien de régimes dictatoriaux et la vente d’armes, l’Europe a contribué activement à créer des situations de violence et de répression. A travers une politique économique et commerciale néolibérale envers les pays en développement qui est basée sur l’exploitation, l’intérêt propre et le paternalisme, ainsi que par leur consommation excessive de ressources, les États européens contribuent au sous-développement, aux dégradations environnementales et par conséquent au manque de perspectives socio-économiques.
Mais au lieu de prendre leur responsabilité et de faire face à cette tragédie humaine de manière solidaire et dans le respect des droits humains, les dirigeant-e-s européens font une fois de plus preuve de leur incapacité d’honorer les valeurs fondatrices de l’Union européenne. Leur action se limite actuellement à prendre individuellement des mesures répressives et de se pointer du doigt mutuellement. Ainsi les résultats du Conseil des ministres en charge du lundi 14 septembre sont littéralement non-existants, même s’il faut reconnaître que le blocage actuel soit dû à certains pays plus qu’à d’autres.
Face à l’urgence humanitaire, déi Lénk appelle à l’UE et à ces pays membres:
– d’arrêter toute politique répressive contre les demandeurs d’asile aux frontières extérieures et intérieures de l’UE.
– de créer des couloirs sûrs entre les principaux pays d’origine et l’Europe afin que les personnes qui ont besoin de protection internationale puissent se mettre en sécurité sans risquer leur vie et sans faire appel à des réseaux criminels de passeurs.
– de mettre en place parmi les Etats-membre un système de répartition équitable et permanent des demandeurs d’asile à l’intérieur de l’UE et d’annuler le principe du premier pays d’accueil inscrit dans la convention de Dublin. Ce système doit cependant tenir compte des liens familiaux ou des préférences légitimes de la part des demandeurs d’asile et éventuellement être complété par des transferts financiers entre les Etats-membres.
– de renoncer à l’idée que des dispositifs de premier accueil et d’enregistrement (dits “hotspots”) puissent faire le tri entre les personnes éligibles au statut de réfugiés et les migrants dits “économiques”. Si de telles structures s’avèrent nécessaires, elles doivent se limiter strictement à l’enregistrement des personnes et le temps de séjour des demandeurs d’asile ne doit pas dépasser quelques jours. Sans cela, ces « hotspots » se transformeront rapidement en camps de réfugiés permanents aux conditions de vie dégradantes et inhumaines où des procédures d’asile conformes aux exigences du droit international ne peuvent pas être garanties.
– d’accélérer sensiblement la mise en œuvre d’une réelle politique d’asile commune qui cherche à uniformiser les procédures d’asile et à promouvoir des standards d’accueil communs de très haut niveau dans tous les Etats-membres.
– de soulager les principaux pays d’accueil en-dehors de l’Europe en acceptant de réinstaller un nombre ambitieux de réfugiés depuis ces pays et en soutenant financièrement leurs efforts.
– d’annuler l’opération EUNAVFOR Med qui vise à combattre les réseaux des passeurs avec des moyens militaires. Si les activités criminelles des passeurs sont condamnables, combattre ceux-ci aura comme conséquence que les passages deviendront encore plus risqués et plus coûteux ou que de nombreux réfugiés resteront bloqués dans des pays en crise.
– de créer rapidement des couloirs légaux vers l’UE pour la migration volontaire sans distinction du pays d’origine, du niveau de formation, de la religion ou de l’appartenance ethnique.
A côté de ces mesures d’urgence, l’Union européenne doit enfin se doter d’une stratégie transversale très ambitieuse pour combattre les causes de la migration par nécessité. Il s’agit notamment d’augmenter sensiblement les efforts diplomatiques pour résoudre ou éviter des situations de violence ou de répression, d’arrêter à imposer des politiques néolibérales sur les pays en voie de développement et de lancer un effort sans précédent pour soutenir un développement dans ces pays qui soit réellement au service des populations.
Finalement, déi Lénk tient à saluer toutes les personnes et organisations de la société civile qui montrent leur solidarité avec les réfugiés et qui ne ménagent pas leurs efforts pour aider ces personnes qui ont besoin de notre protection.