Garantir une vie décente pour tous

Zu Gast am Land

En date du 7 décembre dernier, la Chambre des Députés a voté une minuscule augmentation du SSM (+26€ pour le non-qualifié, +32€ pour le qualifié), portant le SSM non-qualifié à 1.949€ brut par mois (correspond à 1.700 net). Une bonne semaine plus tard, le STATEC a conclu dans une étude (cahier économique N°122) qu’une personne seule nécessite 1.923€ net par mois pour vivre décemment au Luxembourg; cherchez l’erreur.

Tous les deux ans, le SSM (salaire social minimum) est adapté en fonction de l’évolution du salaire moyen, qui a augmenté de 1,4% ces deux dernières années. Le projet de loi y relatif a été adopté à l’unanimité. déi Lénk a voté en faveur de cette loi, mais juge que cette augmentation est loin de suffire pour mener une vie décente au Luxembourg. C’est pourquoi nous avons réitéré notre revendication de longue date qui consiste en une augmentation substantielle du SSM.

Une augmentation substantielle du SSM

Au Luxembourg, environ 50.000 personnes touchent le salaire social minimum, dont 60% le non-qualifié, qui est actuellement de 1.922€ brut par mois. D’après des calculs de l’OCDE et du Conseil de l’Europe, les concerné(e)s perçoivent un salaire qui ne correspond même pas à la moitié du salaire moyen au Luxembourg. Le Conseil de l’Europe a aussi déjà formulé une critique à cet égard en constatant une non-conformité avec la disposition 4-1 de la Charte sociale européenne, ratifiée au Luxembourg en 1991, qui engage le Luxembourg à reconnaître le droit des travailleurs à une rémunération suffisante pour leur assurer un niveau de vie décent.

déi Lénk rejoint cet avis et a déposé une motion dans ce sens lors de la séance du 7 décembre. Celle-ci invitait le gouvernement à se conformer dans les meilleurs délais à la disposition 4-1 de la Charte sociale européenne. Exprimé en chiffres, il faudrait augmenter le SSM d’environ 300€ pour arriver à ladite rémunération suffisante. La motion demande également au gouvernement de présenter un plan d’action pour lutter contre le phénomène de la pauvreté laborieuse (working poor).  La motion a été rejetée avec les voix du DP, du LSAP et de déi Gréng.

Un système d’indexation automatique boiteux

Depuis 2006, le pouvoir d’achat du SSM (et des salaires en général) a été impacté négativement dû à d’importantes manipulations du système de l’indexation automatique des salaires, qui prévoit une hausse automatique de tous les salaires dès qu’une inflation de 2,5% a été atteinte. La prochaine indexation des salaires devra enfin tomber au 1er trimestre 2017, et elle marquera en même temps un nouveau record, à savoir l’écart le plus élevé entre deux tranches (plus de 3 ans) depuis la généralisation de l’indexation automatique des salaires en 1975.

Cette perte au niveau des salaires en général et le montant trop bas du SSM font que de plus en plus de gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts à la fin du mois. Dans aucun autre pays de l’UE-15 (pays-membres de l’UE avant l’élargissement vers l’Est de 2004) le taux des working poor est aussi élevé qu’au Luxembourg: 10,8% des ménages ne peuvent vivre décemment de leur salaire.

Face à cette réaction incompréhensible de la majorité parlementaire et confirmé dans son opinion par la publication récente du STATEC, déi Lénk a introduit une demande d’interpellation du gouvernement à ce sujet, et va continuer à s’engager en faveur d’une rémunération décente pour tous.

Carole Thoma, co-porte-parole déi Lénk

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