Gemeinsame Communiqué SEW – déi Lénk.

Pénurie dans l’enseignement – Comment sortir de cette galère ?

A quelques jours d’un débat annoncé à la Chambre des députés sur la problématique du recrutement du personnel enseignant dans le fondamental, déi Lénk ensemble avec le syndicat Erzéiung a Wëssenschaft (SEW) de l’OGBL, prennent position et appellent le ministre à prendre enfin ses responsabilités.

Selon le SEW, cette pénurie d’enseignant.e.s est exceptionnelle, dans le sens où c’est la première fois qu’elle n’est pas provoquée par un sous-recrutement délibéré de la part du Ministère de l’Education Nationale sous forme de numerus clausus ou d’examen-concours, mais qu’il s’agit d’un manque réel de candidats pour la profession de l’institut.tice.eur. L’introduction d’un stage de trois années avec des cours à l’IFEN, des examens auxquels il faut obtenir 2/3 du total des points de l’année pour réussir, un mémoire à rédiger et un portfolio ont découragé nombre de candidats potentiels à se lancer dans des études de 4 ans, suivies de 3 années de stage pendant lesquelles il restait toujours possible d’être écarté. Un échec au stage réduisant à néant un parcours de formation de 7 années était perçu comme une épée de Damoclès qui en a découragé plus d’un.

Or, le minsitre Claude Meisch a longtemps fermé les yeux devant un fait évident et il n’a pas écouté ceux qui l’ont averti des effets désastreux du stage. D’un autre côté, il a provoqué des fuites d’enseignants vers d’autres services et organismes de l’éducation nationale, où ils bénéficient d’avantages en termes de carrière et de salaire : c’est le cas des instituteurs spécialisés pour élèves à besoins spécifiques (I-EBS), ainsi que de ceux spécialisés dans le développement scolaire (I-DS), des membres de l’ESEB (Equipe de soutien des élèves à besoins éducatifs particuliers ou spécifiques) , des enseignants recrutés dans les centres de compétences en psychopédagogie spécialisée nouvellement créés. Toute cette armada de services missionnée pour gérer l’échec scolaire concurrence donc l’enseignement dans les écoles et enlève les effectifs et les ressources là où le besoin est primordial, c’est-à-dire dans les salles de classes surchargées d’élèves.

Maintenant qu’il réalise qu’il n’y aura ni assez d’instituteurs, ni assez de chargés de cours pour assurer les cours à partir de la prochaine rentrée, il essaie de faire passer en toute urgence avant l’été, un projet de loi visant à recruter les enseignants du fondamental sur de nouvelles bases. Les détenteurs d’une licence obtenue à l’étranger ou à l’Université du Luxembourg ont désormais accès à un poste dans l’enseignement fondamental à condition qu’ils suivent une formation en cours d’emploi de 240 heures. La seule condition à remplir est d’avoir poursuivi leurs études dans une matière en relation avec les missions de l’enseignement fondamental. La formulation de cette condition est tellement vague qu’elle perd son sens.

Cette mesure risque d’éliminer la formation en sciences de l’éducation assurée par l’Université du Luxembourg qui ne donne guère accès à une autre voie de carrière au cas où le candidat est écarté lors du stage. Les stagiaires ayant à leur actif trois années d’études dans des disciplines diverses, bénéficient non seulement un an plus tôt d’un salaire, ils ont encore l’avantage de pouvoir poursuivre leurs études dans leurs matières respectives et changer plus facilement d’orientation professionnelle, s’ils sont écartés lors du stage. Ceci constitue un avantage par rapport aux stagiaires issu.e.s des sciences de l’éducation à l’Université du Luxembourg. En somme, ces mesures conduisent vers une dévalorisation du diplôme en sciences de l’éducation et une sous-estimation des connaissances apportées par les disciplines pédagogiques et didactiques.

La situation actuelle est déplorable. Pour éviter une nouvelle pénurie à la rentrée, une mesure transitoire telle que proposée par le ministre Meisch semble incontournable. Pourtant déi Lénk et le SEW insistent pour que cette mesure soit limitée à deux années maximum. En effet, l’ouverture du concours d’enseignant.e à des postulant.e.s ne pouvant présenter que des compétences pédagogiques et didactiques limitées risque de mettre en cause l’avenir de nos enfants. Il faut que le Ministre de l’Education Nationale prenne enfin ses responsabilités en mettant d’urgence la priorité sur le recrutement des enseignants dans le fondamental et non pas sur le développement de services d’éducation spécialisée. Qu’il collabore et dialogue enfin avec les syndicats et les enseignant.e.s pour élaborer une formule cohérente de formation et procéder à une réforme du stage en accord avec les besoins d’accompagnement et de formation des futur.e.s enseignant.e.s.

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