Question parlementaire: Prévention et lutte contre l’addiction aux drogues chez les jeunes.

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 83 du règlement de la Chambre des Députés, nous vous prions de bien vouloir transmettre la question parlementaire suivante à Messieurs les Ministres de la Santé et de l’Éducation et de la Jeunesse.

Dans un article paru dans l’hebdomadaire « Lëtzebuerger Land » le 13 décembre 2019, il est question de problèmes d’addiction et de la diffusion de drogues à la fois douces et dures parmi les lycéen.ne.s et jeunes fréquentant les structures d’action locale pour jeunes. L’article informe notamment sur la mort d’un lycéen suite à une overdose d’un mélange supposé avoir été composé d’héroïne et de cocaïne.

Cette affaire n’ayant pas été rendue publique, ni par la direction de l’établissement en question, ni par la Police, les camarades de classe du jeune décédé ont pris contact avec la presse afin de sortir de l’ombre un problème qui semble gangréner les lycées et la jeunesse de la capitale.

Ainsi, quelques lycéenn.e.s interviewé.e.s sous couvert d’anonymat témoignent de la facilité d’accéder à des drogues dans leurs établissements scolaires respectifs et d’une utilisation/consommation banalisée de drogues douces et même dures. En revanche, les directions d’écoles et la Police auraient été peu loquaces lorsqu’il s’agissait de commenter le problème et d’apporter des informations quant à des contrôles de drogues entrepris dans les écoles. Il aurait été prétexté de la part de la Police que la loi relative à la protection de la jeunesse ne leur permettrait pas de rendre publiques ces informations. De même, au Luxembourg, aucune mesure légale n’obligerait les établissements scolaires à déclarer auprès des services compétents des cas d’élèves manifestant des troubles addictifs. Quant aux programmes de prévention des addictions et de sensibilisation aux usages de drogues, il serait de la responsabilité et de l’initiative propre aux directions scolaires et au personnel enseignant d’en faire la promotion et l’application au sein de leur établissement, notamment en faisant appel à des organisations actives dans ce domaine.

Partant, nous voudrions poser les questions suivantes à Messieurs les Ministres :

  1. Monsieur le Ministre de la Jeunesse peut-il valider que la loi de la protection de la Jeunesse interdise effectivement la révélation publique, même sous couvert d’anonymat, d’informations relatives à des contrôles de drogues dans les établissements scolaires ? Dans la négative, Monsieur le Ministre peut-il nous dire si des contrôles de drogues ont finalement été effectués par la Police dans des lycées et nous en faire parvenir les résultats ?
  2. Messieurs les Ministres confirment-ils qu’il n’existe aucune obligation pour les établissements scolaires et/ou d’actions locales pour jeunes, de déclarer des jeunes aux comportements addictifs auprès de services pouvant leur venir en aide ? Le cas échéant, Messieurs les Ministres plaideraient-ils en faveur d’une telle obligation ?
  3. Messieurs les Ministres sont-ils d’avis qu’il faudrait renforcer le dispositif d’actions et de programmes pour la prévention des addictions aux drogues en prévoyant pour tous les établissements scolaires et les structures pour jeunes des programmes obligatoires et coordonnés par le Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse en association avec les partenaires existants ?
  4. Messieurs les Ministres envisagent-ils de mettre en place une campagne d’information générale coordonnée en collaboration étroite entre les ministères de la Santé et de l’Education Nationale et de la Jeunesse pour augmenter la visibilité des services de prévention aux addictions et d’accompagnement existants ?

Si les politiques de prévention et la sensibilisation aux addictions sont primordiales, il reste que les structures dédiées à l’accompagnement, la réduction de risques et à la consommation pour toxicomanes sont également indispensables pour pouvoir garantir de bonnes conditions sanitaires et de santé publique.

Partant, nous voudrions poser les questions suivantes à Messieurs les Ministres:

  1. Monsieur le Ministre de la Santé peut-il nous faire parvenir des données prouvant que les structures existantes couvrent la demande actuelle ?
  2. Monsieur les Ministres ne pensent-t-ils pas qu‘une structure de type CAARUD (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues) dédiée aux mineur.e.s s’avérerait nécessaire dans le cadre de la protection de la jeunesse et de la prévention de l’engrenage de la toxicomanie ?

Dans l’article de journal en question, le coordinateur national pour la politique des drogues du Ministère de la Santé fait remarquer qu’il faudrait davantage récolter des données sur les modalités de consommation de drogues chez les jeunes, notamment en vue de la légalisation du cannabis.

Partant, nous voudrions poser les questions suivantes à Messieurs les Ministres :

  1. Existent-ils des études quantitatives et qualitatives récentes sur les modalités d’usages de drogues et le rapport aux drogues des jeunes au Luxembourg ?
  2. Dans la négative, des projets d’enquêtes sur le sujet sont-ils en voie de planification, entre autres avec l’Université de Luxembourg ?

Veuillez agréer, Monsieur le Président, nos  salutations respectueuses,

David Wagner                                                            Marc Baum

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