Dossier de déi Lénk sur la réforme de l’école.
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Résumé
I. Le débat sur la réforme de l’école est nécessairement un débat sur la société. Les nouvelles logiques marchandes, l’extension de la précarité, l’environnement culturel, les conditions de travail et de vie des parents, leurs pratiques éducatives – autant de facteurs qui ont une forte influence sur le développement des enfants. L’école n’intervient qu’à un moment déjà tardif de ce développement. Il faut donc thématiser les évolutions sociales qui favorisent la réussite ou l’échec de et à l’école et agir en conséquence.
II. L’école aujourd’hui tend à aggraver les inégalités socio-culturelles au lieu de les réduire. Or, les projets gouvernementaux semblent plus orientés sur un utilitarisme économiste, sur « l’employabilité » que sur une stratégie d’émancipation égalitaire. Celle-ci exigerait d’abandonner les préjugés idéologiques sur de prétendues aptitudes « innées » et/ou irréversibles, le tabou de la ségrégation des filières à l’âge de 12 ans, l’accent excessif sur la « bonne » orientation, et de développer de nouvelles pratiques d’apprentissage en commun.
III. Le débat scolaire souffre d’imprécisions et de malentendus qui exigent une clarification critique des concepts : cela vaut pour les « compétences », pour « l’évaluation », pour la « culture générale » (versus la spécialisation). IV. L’objectif de la réduction des inégalités autant que la promotion d’une citoyenneté solidaire exige la construction d’une « école pour tous », c’est-à-dire d’un apprentissage commun jusqu’à la fin de l’obligation scolaire. Un tel projet nécessite une préparation sérieuse, c’est pourquoi nous proposons une loi cadre avec les grands objectifs et un calendrier. Dans ce contexte surtout, il est indispensable de réformer les méthodes d’apprentissage ET d’évaluation.
V. La question des langues est décisive – et difficile. Nous plaidons pour le maintien du multilinguisme, avec une revalorisation du luxembourgeois, une autre hiérarchie entre le français et l’allemand, et une nouvelle approche des langues véhiculaires. D’où : alphabétisation en Luxembourgeois (langue « fédératrice ») ; 1e langue étrangère (pour beaucoup d’enfants déjà la 2e voire la 3e) : le français ; 2e l’allemand ; enfin l’anglais. Nous proposons que ces pistes soient ouvertement débattues.
VI. La réforme du lycée : a notre avis, au lieu d’un nouvel agencement des sections (les « dominantes »), il faudrait commencer par une analyse et une révision profonde des contenus et des méthodes, dans toutes les branches, notamment sous l’aspect de l’interdisciplinarité, mais aussi des formes d’apprentissage. Le tutorat et le travail personnel sont des mesures positives, mais leur succès dépend des méthodes et des moyens.
VII. « Cours unique » : A l’école fondamentale comme au lycée, la ségrégation entre les actuels cours de « Fomos » et d’instructions religieuse doit être dépassée par un cours unique de « philosophie pratique ».
VIII. L’accueil pré- et extrascolaire doit se distinguer de la logique scolaire et préserver explicitement pour les enfants et les jeunes des espaces de liberté et de jeu.