Question parlementaire concernant la mise en oeuvre de la formation professionnelle

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 80 du règlement de la Chambre des Députés, je vous prie de bien vouloir transmettre à Madame la Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle la question parlementaire suivante :

Selon les dispositions de la loi du 19 décembre 2008 portant réforme de la formation professionnelle (Art. 31), des équipes curriculaires sont appelées à définir à partir de profils professionnels et de formation des programmes directeurs, sur la base desquels les commissions nationales respectives auront à élaborer des programmes de formation théorique et pratique pour l’obtention du diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) et du diplôme de technicien (DT). Or, selon mes informations, notamment pour les formations administratives et commerciales, les profils professionnels et de formation ne sont pas encore disponibles – ou du moins pas avec la précision requise, et les programmes directeurs se réduisent actuellement à l’énoncé de quelques compétences très vagues, limitées aux classes de 10e. Concrètement, le programme directeur pour le DAP-Agent administratif et commercial se limite à une dizaine de lignes.

La mise en œuvre de la réforme dès l’année scolaire 2011/2012 constituerait sous ces conditions une vraie gageure et mettrait en péril la qualité de l’enseignement et la formation des élèves. J’apprends aussi que le Collège des Directeurs de l’EST vient de dénoncer les graves problèmes liés à la mise en place précipitée des formations dites « phares » à la rentrée 2010/2011 et qu’il propose notamment le report des formations commerciales à la rentrée 2012/2013. En fait, la loi du 26 juillet 2010 modifiant la loi du 19 décembre 2008 prévoit explicitement l’entrée en vigueur pour l’année scolaire 2012/2013 seulement (Art. 75 modifié).

Par ailleurs, je constate

– que les classes de BTS de l’Ecole de Commerce et de Gestion comptent actuellement jusqu’à 30 % d’étudiants provenant de la formation actuelle du technicien administratif et commercial, formation destinée à être remplacée par celle du DT-Technicien administratif et commercial ;

– que les grilles des matières pour cette formation de remplacement prévoient une réduction sensible de l’enseignement des langues et des mathématiques ;

– que pour accéder à un BTS, les futurs techniciens devront accomplir en dehors de l’horaire normal des modules préparatoires, les confrontant à des semaines totalement surchargées de l’ordre de 36 leçons.

On se demande

– si une telle réduction de l’enseignement des langues et des mathématiques est compatible avec l’accent mis par ailleurs – et à raison – sur l’importance des compétences linguistiques et sur une bonne formation générale à la fois pour la vie professionnelle et pour la compétence citoyenne ;

– en raison du faible niveau prévisible en langues et en mathématiques, des futurs techniciens administratifs et commerciaux, combien d’entre eux disposeront des moyens nécessaires pour poursuivre des études supérieures spécialisées du genre BTS ou autre et combien, en raison des programmes surchargés par des modules préparatoires, seront découragés à suivre cette voie.

Je voudrais donc prier Madame la Ministre de bien vouloir répondre aux questions suivantes :

1. Face au faible niveau d’avancement des travaux préparatoires à l’élaboration des programmes, Madame la Ministre est-elle disposée à reporter la mise en oeuvre des nouvelles formations insuffisamment préparées, dont notamment celles de l’« Agent administratif et commercial » (DAP) et du « Technicien administratif et commercial » (DT), à l’année 2012/2013 comme le lui permet expressément la loi du 26 juillet 2010 ?

2. Madame la Ministre juge-t-elle opportune une réduction de l’enseignement des langues et des mathématiques dans la formation prévue « Technicien administratif et commercial » (DT) , conduisant à une véritable dévalorisation par rapport à la formation actuelle du Technicien administratif et commercial, et risquant de couper les futurs diplômés de l’accès à une formation supérieure du genre BTS notamment ?

3. Comment Madame la Ministre entend-elle justifier une telle politique de dévalorisation devant les parents de nos élèves et devant l’opinion publique en général, alors que plus de 50 % des emplois créés au Luxembourg sont actuellement des emplois qui exigent une formation au-delà de la fin d’études ES ou EST (« Bac + n »).

En vous remerciant d’avance, Monsieur le Président, ainsi que Madame la Ministre, je vous prie d’accepter l’expression de ma très haute considération.

André Hoffmann

-> Réponse

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