Pour une agriculture durable et la souveraineté alimentaire

>>> deutsche Fassung <<<

La Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union Européenne influence fondamentalement les conditions d’alimentation de plus de 500 millions de citoyens européens. Elle représente 40% du budget de l’UE et fait de l’agriculture le secteur économique le plus touché par les politiques communautaires. La libéralisation et la soumission de l’agriculture au principe de concurrence entamées depuis la mise en place de la PAC en 1962 et ensuite accélérées à partir des années 1990 sous l’impulsion de l’OMC ont favorisé l’expansion d’une agriculture industrielle et productiviste. Cette politique a permis d’assurer l’indépendance alimentaire de l’UE, mais à quel prix? L’agriculture européenne est aujourd’hui dominée par quelques multinationales agroalimentaires qui à travers leur politique de brevetage détruisent l’autonomie paysanne et mettent en cause la souveraineté alimentaire de la population mondiale entière . L’intensification de la production agricole mène à une dégradation des sols et à un effondrement irréversible de la biodiversité. La disparition de petites et moyennes exploitations paysannes entraîne des pertes importantes d’emplois dans les régions rurales. La politique commerciale unilatérale de l’Union Européenne détruit l’agriculture familiale dans les pays du Sud et y met en péril la sécurité alimentaire de populations entières.

déi Lénk s’engage pour une politique agricole européenne écologiquement et socialement durable, équitable envers les pays du Sud et basée sur le principe de la souveraineté alimentaire et des circuits régionaux.

1. Mettre un terme à l‘industrialisation de l‘agriculture et à la destruction de petites exploitations agricoles, il faut réformer la répartition des aides directes. Le mécanisme de l‘octroi des aides ne devrait pas purement dépendre de critères économiques tels que la superficie des surfaces exploitées ou la productivité, mais devrait être réorienté pour faire bénéficier les exploitations qui produisent de manière écologiquement et socialement durable.

2. Maintenir les conditions posées au «verdissement» des aides aux paysans (zones d’intérêt écologique et rotation des cultures avec des parts respectives de 5% à 70% des surfaces) qui représentent un premier pas dans la bonne direction. Afin d‘assurer la survie économique de petites exploitations, il faut faciliter et encourager les regroupements coopératifs et solidaires de producteurs agricoles.

3. Accroître fortement les moyens de la recherche agronomique consacrés à l’agriculture biologique au niveau européen. 4. Favoriser les circuits de production, de transport et de consommation agricoles régionaux et locaux:
• en réduisant l‘importation de protéines destinés à l‘alimentation animale (souvent produites dans des conditions environnementales et sociales désastreuses pour les pays d’origine)
• en favorisant un élevage lié au sol et par conséquent la production locale et régionale de fourrage et en oeuvrant vers une réduction massive de l‘élevage et de l‘abattage animal industriel et de la consommation de viande et de produits laitiers
• en prenant des mesures pour réduire le transport longue distance, en particulier les transports aériens, de produits alimentaires
• en privilégiant les produits (agricoles) locaux et régionaux dans les institutions publiques comme les cantines scolaires, les maisons de retraite ou les hôpitaux
• en protégeant la production agricole locale dans les régions défavorisées de la concurrence productiviste.

5. En finir avec l‘orientation exportatrice de la politique agricole européenne qui a des effets catastrophiques sur la sécurité alimentaire dans les pays du Sud et, dans ce sens, arrêter définitivement les subventions aux exportations agricoles européennes.

6. Exclure les produits du secteur agricole des négociations en vue d‘accords commerciaux et d‘accords multilatéraux ( dans le cadre de l‘OMC) et bilatéraux (accords de partenariat économique) existants et à venir pour permettre à chaque pays de nourrir sa population avec ses propres ressources.

7. Interdire la spéculation sur les produits alimentaires.

8. Mettre fin partout dans le monde à l‘accaparement de terres et à l‘acquisition de grandes étendues de terres agricoles par des entreprises transnationales et gouvernementales.

9. Interdire l‘importation et la production d‘agro-carburants de première génération et ne permettre la production d‘agrocarburants (2e génération) utilisant les déchets agricoles inutilisables ou la biomasse que si la biodiversité n‘est pas mise en danger.

10. Arrêter la dérégulation des marchés alimentaires qui risque d‘entraîner une situation de surproduction et d‘accentuer davantage la volatilité des prix.

11. Interdire:
• la production, le développement et l‘importation de produits agricoles génétiquement modifiés
• la brevetabilité du vivant: empêcher le brevetage de plantes et d‘animaux afin d‘arrêter l‘emprise des industriels agro-chimiques sur la chaîne alimentaire.

12. Garantir le droit des agriculteurs d‘utiliser, d‘échanger, de vendre et de protéger leurs semences. Pour contrecarrer le système semencier industriel, il est indispensable de soutenir et de faire renaître des systèmes semenciers territorialisés (banques de semences), gérés régionalement par la main publique ou par des communautés paysannes.

logo European Left logo GUE/NGL logo Transform! Europe