Une capitale pour les riches?

Zu Gast am Land

Il aura fallu attendre de longues semaines avant que la nouvelle coalition DP-CSV, qui dirigera désormais la capitale, daigne dévoiler son programme pour les 6 années à venir. En fait, il n’existe pas d’accord de coalition à proprement parler. Seul un maigre communiqué de deux pages avait été publié par les coalitionnaires, laissant aussi bien les habitants de la ville que les conseillers sur leur faim.

Finalement, la déclaration échevinale a été distribuée et présentée par la bourgmestre ce lundi. 37 pages de déclarations d’intention à laquelle les conseillers sont priés de répondre le vendredi de la même semaine, c’est-à-dire aujourd’hui. On aura vu plus démocratique. Mais ce n’est pas étonnant. La démocratie – et pas uniquement la démocratie de base – n’a jamais été le fort du parti qui se nomme – paradoxalement – ainsi.

S’il n’y avait aucune illusion à se faire avec la coalition précédente, l’actuelle n’augure rien de bon. Tout le monde s’accorde pour élever la problématique du logement au rang d’urgence nationale. Le problème, c’est que les vieux partis, notamment les partis bourgeois que sont le DP et le CSV, n’ont aucun intérêt à changer quoi que ce soit aux rapports de propriété et aux intérêts de promoteurs. Mais ce fut également le cas des néo-petits-bourgeois verts.

Ce lundi au plus tard, les nouveaux maîtres du Knuedler ont à nouveau dévoilé quelle est leur conception de la politique du logement: tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, à part pour quelques malchanceux auxquels il faudra bien octroyer quelques logements « sociaux ». Telles des dames patronnesses, ils leur concèderont quelques habitations à « coût modéré », dont, soit dit en passant, l’on ne connaît toujours pas le montant.

Le plus inquiétant, c’est que la coalition Polfer-Wilmes a définitivement enterré la lutte contre la spéculation locative et foncière.

A l’image du gouvernement, le collège échevinal ne veut pas admettre qu’il appartient aux pouvoirs publics, Etat et communes, de mener une politique de logement en acquérant massivement des terrains et construisant eux-mêmes. Or, la nouvelle majorité, si elle dit vouloir acquérir de nouveaux terrains et y bâtir des logements, c’est pour mieux les revendre sur le marché privé par la suite!

Un corollaire non moins important est la question de la fiscalité communale: la capitale dispose d’un des taux de l’impôt commercial des plus bas du pays, ce qui contribue à accentuer la concentration des entreprises dans son sein. Actuellement, le ratio est de 1,5 bureau pour un logement. Nous en connaissons l’impact sur la mobilité et sur le logement. Malheureusement, la nouvelle coalition continue à mener l’ancienne politique de dumping fiscal!

La ville de Luxembourg est belle – ce n’est pas du chauvinisme local que de le constater. Peu étonnant dès lors qu’elle soit tant convoitée. Ce qui m’attriste, en tant que « Stater » de naissance, ce qu’elle soit gouvernée par des forces politiques qui la destinent aux plus riches, à l’image du Royal-Hamilius.

Car si on doit accabler la nouvelle coalition, il ne faut pas oublier que l’ancienne n’a rien fait pour contrer le phénomène de « gentrification ». Au contraire même, car les Verts, représentants de la nouvelle petite-bourgeoisie branchée, se sont depuis longtemps soumis aux dogmes libéraux, dont le tram, s’il desservira confortablement, sera conduit, société privée oblige, par des chauffeurs payés au lance-pierre. Une situation qui n’a pas gênés les libéraux bleu-vert mais que les libéraux bleu-orange ne mettront probablement pas en question.

David Wagner est député et conseiller à Luxembourg de déi Lénk

 

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