Depuis hier, l’Europe est en état d’urgence climatique suite à l’adoption d’une résolution par le Parlement européen. C’est un pas décisif que le Parlement luxembourgeois n’a pas osé faire, quand déi Lénk a introduit une résolution semblable en été 2019. Cette hésitation étend son ombre sur la suite des travaux politiques. Le gouvernement se déchire à propos du plan climat et le projet de loi sur le climat s’avère beaucoup trop laxiste. Il devient de plus en plus évident qu’un changement de politique dans l’intérêt de la majorité de la population ne sera pas possible avec un parti à l’écoute du grand capital financier et immobilier tel que le DP.
Le texte en question comporte bien des objectifs par secteurs en matière de protection du climat, mais il ne sont soumis à aucune contrainte. En cas de violation d’un objectif visé, les ministres compétents devront proposer des mesures d’urgence en Conseil des ministres. Mais comment saura-t-on si les mesures d’urgences suffiront ou que se passera-t-il si l’objectif visé ne sera pas réalisé après tout ? Le texte ne répond pas à ces questions. Et – pire encore – les objectifs cités n’apparaissent pas dans la loi elle-même, mais seront fixés dans un règlement grand-ducal qui ne sera pas débattu au parlement et que le gouvernement pourra toujours modifier à sa guise.
Le projet de loi reste ensuite assez flou sur un certain nombre de sujets. Une plateforme pour l’action climat et la transition énergétique sera créée qui sera composée d’un maximum de 20 représentant.e.s du monde politique et économique et de la société civile, chargé.e.s de conseiller les décideurs politiques. Mais ces représentant.e.s seront tous et toutes nommé.e.s à titre d’exclusivité par les deux ministres compétents. Il s’agit donc d’une chance râtée pour le lancement d’une politique climatique humaine et démocratique, approuvée par la majorité de la population et qui ne s’aligne pas sur les intérêts lucratifs du business et des investisseurs. Pour déi Lénk il faut que la politique climatique soit au fondement de la justice climatique et de la solidarité pour faire face aux décisions importantes qui nous attendent.
Tant que le plan climat et énergie ne contient pas de mesures concrètes, il est difficile d’apprécier le projet de loi en question. Cette difficulté se remarque avec la prise en charge du financement de la protection du climat par un nouveau fonds pour le climat et l’énergie. Dans le passé, le fonds pour le climat a été utilisé en premier lieu pour se débarrasser des obligations nationales en matière de protection du climat, notamment en faisant l’acquisition de certificats CO² ou de droits à polluer en provenance d’autres pays ou projets d’investissement. Cette pratique est pourtant un jeu à somme nulle, car une tonne de CO² non émise quelque part au monde sera finalement émise ailleurs – et le cas échéant au Luxembourg.
La Cop 25 à Madrid donnera lieu à des négociations autour de ces mécanismes et trucages. Au cas où ces pratiques seront réglementées de façon plus stricte, les pays riches comme le Luxembourg devront renforcer leurs propres efforts, ou coopérer davantage avec des pays voisins. Il s’avérera dans les mois à venir si la loi climat peut dynamiser la politique climatique et si le gouvernement veut réellement entamer un changement de paradigme en matière de climat.
Il est évident pour déi Lénk en tout cas que le Luxembourg a besoin d’un cadre législatif et réglementaire contraignant en matière de climat qui incorpore dès le départ et de façon régulière la participation citoyenne. Les réductions de CO² devront être réalisées sur le territoire luxembourgeois et en coopération avec les régions voisines. Cette réorientation nécessitera des investissements publics plus conséquents dans les infrastructures, la création et un renforcement des services publics et une transformation économique et sociétale qui favorisera des modes de vie durables en renforçant l’égalité sociale.