Communiqué de Presse
Au bout de longues négociations, les Etats de l’Union européenne et le Parlement européen se sont mis d’accord sur un nouvel objectif pour le climat pour 2030. Le Luxembourg avait déjà fixé en avance l’objectif des -55 %, mais sans pour autant démontrer comment cet objectif pourrait être atteint. déi Lénk est sceptique. Les modalités d’exécution de la loi pour le climat, votée il y a cinq mois, n’ont toujours pas fait surface. Les avancées réelles en matière de politique du climat font encore défaut.
Mise à mal au cours du processus législatif, la loi pour le climat prévoit la fixation d’objectifs sectoriels pour les domaines économiques et sociaux émetteurs de CO2. Si ces objectifs devaient au départ avoir un caractère contraignant, ils ont en fin de compte subi un tel lessivage qu’ils ne servent que de valeur de référence qu’on peut aisément louper sans risquer des sanctions.
Mais depuis le dernier débat parlementaire, on n’entend plus parler ni de la loi pour le climat, ni des objectifs sectoriels. Le Règlement grand-ducal correspondant n’est toujours pas finalisé. Pourtant, sans la fixation d’objectifs spécifiques pour les domaines du transport, de l’industrie et des services, du logement, de l’agriculture et de la gestion des déchets et de l’eau, il ne sera pas possible de mettre en vigueur une politique climatique sérieuse. Comment en effet décider de priorités et de mesures, si l’on ne détermine pas la part de la réduction des émissions à effets de serre à viser dans les différents domaines jusqu’en 2030 ?
Il s’agit de la réitération d’un même schéma de la politique climatique. Débats engagés et objectifs de réduction sont aussitôt éclipsés par l’inanité politique. Scientifiques et ONG sont convaincus à raison que les objectifs pour le climat visés par l’UE et le Luxembourg ne suffiront pas à maintenir les termes de l’accord de Paris. Cependant, les objectifs en soi n’ont pas de valeur, s’ils ne sont pas concrétisés par des décisions politiques et de manière à les rendre compréhensibles et accessibles. Ces décisions doivent prendre en compte les inégalités sociales et avant tout poser des limites au styles de vie du 1% des plus riches qui émettent deux fois plus de CO2 que les 50 % les plus pauvres de la population mondiale.
Le gouvernement luxembourgeois a bien élaboré un plan pour le climat et l’énergie pour l’année 2030, mais un an après son entrée en vigueur, aucune avancée d’envergure à part une taxe CO2 et des primes pour l’achat de voitures électriques n’a pu être enregistrée. Le gouvernement se repose entièrement sur les forces du marché en matière d’assainissement énergétique, d’agriculture écologique ou de transformation de la mobilité. Il craint ouvertement d’intervenir dans l’intérêt du bien-être collectif.
Déi Lénk exige des mesures rapides et efficaces pour protéger le climat, lesquelles mettent en avant la justice sociale à l’aide de financements et d’initiatives publics :
- Campagne d’assainissement énergétique des logements. Grâce à des fonds publics et selon des critères sociaux, la pauvreté énergétique et les émissions à effet de serre pourront être durablement réduites. Nous avons déjà préparé un programme à ce sujet.
- Expansion rapide d’un réseau de car sharing fonctionnant comme un service public, associée à une politique fiscale plus fortement orientée vers la protection de l’environnement dans le cas des taxes d’immatriculation pour voitures.
- Construction de logements locatifs sociaux publics et abordables dans les villes pour permettre aux ménages à bas revenus d’être moins dépendants d’une voiture.
- Production accélérée d’énergies renouvelables par l’Etat et les communes au lieu d’abandonner ce terrain à des acteurs privés (moyennement motivés). Au niveau communal, les conditions d’élaboration d’un cadastre de panneaux solaires sont déjà en place en plusieurs endroits.
- Transfert des réseaux en main publique, afin de garantir une intégration optimale de l’énergie renouvelable, de pouvoir appliquer des prix échelonnés en fonction de critères sociaux et écologiques ainsi que pour assurer que les investissements dans les réseaux proviennent de financements justes.
- Mobilisation des fonds publics du fonds de pension pour des investissements durables dans les énergies renouvelables, la construction de logements et des branches économiques consommant peu de ressources.
- Accélération de la transition vers l’agriculture biologique, grâce à un couplage des subventions à la force de travail au lieu de la surface agricole et meilleur soutien pour la fabrication et la commercialisation des produits agricoles locaux et régionaux.