La santé publique est l’affaire de tous.tes !

Chaque personne en demande de soins doit avoir accès aux prestations de santé dont elle a besoin, quel que soit son statut et son budget. Chaque patient.e a le droit à une prise en charge de qualité. Le corps médical est tenu d’œuvrer au service de la santé des patient.e.s. Les pouvoirs publics sont les garants de la santé d’une population.

Ces quelques lignes résument un idéal de système de santé. Un idéal que l’expérience de la crise sanitaire de la Covid-19 aurait dû faire apparaître comme l’objectif à suivre à l’avenir par les politiques de la santé publique. Ce qui se manifeste en réalité est tout autrement. Le gouvernement manifeste une volonté ferme de maintenir une gestion de la santé publique par les crises. A défaut d’investir dans la prévention et faute de mettre en place les infrastructures et le personnel nécessaire, le gouvernement a justifié par la crise sanitaire et par l’urgence l’externalisation du Testing et du Tracing vers les boîtes de consulting ainsi que le recrutement sous contrat précaire de personnel de santé intérimaire. Ce personnel est par ailleurs venu pour la plupart des pays voisins également confrontés à un manque de personnel et d’infrastructures adéquates face à la crise.

Aujourd’hui, au stade où l’épidémie s’essouffle et que nous en sommes à la énième adaptation de la loi Covid, il n’est toujours pas question de revirer des voies de l’hospitalocentrisme, de la gouvernance sous forme d’entreprise des hôpitaux publics et d’un système d’optimisation coûts-dépenses appliqué aux soins et aux hôpitaux. L’Etat a fait de la santé publique l’affaire de technocrates, de financiers et de médecins-entrepreneurs. Les uns se retrouvent dans les conseils d’administration des hôpitaux, les autres font la loi au Gesondheetsdësch.

déi Lénk constate l’habituelle non-prise de position de la ministre de la Santé face aux enjeux majeurs de la santé publique et qui devront être pris en compte par le plan national de la Santé élaboré par le Gesondheetsdësch. La fragilité du pouvoir de l’Etat va de pair avec la soumission des ministres aux intérêts des lobbies de médecins libéraux et de promoteurs privés de la santé, tels que les concepteurs du Gesondheetsdësch. Le Gesondheetsdësch a la particularité d’être un organe de consultation et de décision réunissant presque l’ensemble des acteurs de la santé, mais dont les propositions et les débats ne sortent pas de l’enceinte d’une salle de réunion. Quant aux propositions élaborées par les intéressés siégeant au Gesondheetsdësch, il semble que la ministre de la Santé soit plus à l’écoute de celles émanant de l’association des médecins libéraux que de celles venant en l’occurrence des représentant.es des corps du personnel infirmier et de soin, des représentant.e.s des patient.e.s ou encore des syndicats. En matière de formation et de conditions de recrutement du personnel de santé, la ministre a fait à sa tête, tandis que les prémisses d’une importante réforme qui mettra en place le virage ambulatoire s’articulent conformément aux souhaits des intérêts de celleux qui font de la santé leur affaire lucrative.

Actuellement le projet de loi 8009 tente de réglementer sur les équipements (IRM, scanner, machines RMN etc.) utilisables en milieu extrahospitalier – donnant ainsi la possibilité de leur usage à l’extérieur de l’hôpital, au sein de cabinets privés. Ce projet de loi est à rebours de ce que déi Lénk propose, c’est-à-dire une réglementation claire de l’acquisition et de l’exploitation d’un nombre précis d’équipements lourds et coûteux, strictement limités au cadre hospitalier et aux antennes hospitalières publiques.

Le virage ambulatoire y est abordé comme une sélection d’activités fortement lucratives qu’on destine à une externalisation vers des structures hospitalières et extrahospitalières conventionnées par la CNS et soi-disant plus proches des patient.e.s.

déi Lénk ne peut accepter une telle conception du virage ambulatoire qui saigne à la fois les hôpitaux et la CNS. déi Lénk conçoit le virage ambulatoire comme une décentralisation des services de soins et de santé à proximité des lieux de vie. Au Luxembourg, la densité médicale est parmi les plus basse en Union européenne : 3 médecins par 1000 habitants selon les derniers chiffres. Afin de créer une meilleure accessibilité aux soins, déi Lénk s’engage pour la création de maisons de santépluridisciplinaires entièrement publiques et dotées en personnel de santé salarié. Ces cabinets offrant une diversité de prestations de soins de base pourront être établis dans les grands quartiers des villes, les villages ou regroupements de villages. Ces maisons de santé constitueraient le pendant démocratique et public aux sociétés privés de médecins que le projet de loi 8013 permet d’établir et qui représentent une ouverture considérable à la privatisation de notre système de santé. Un tel scénario se trame donc maintenant au sein du ministère de la Santé. Nous nous y opposerons, parce que la santé est une affaire de tous.tes !

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