déi Lénk demande des mesures immédiates contre le racisme au Luxembourg et partout dans le monde

déi Lénk soutient les mouvements de contestation aux États-Unis et en Europe et appelle le gouvernement luxembourgeois à s’engager plus contre le racisme.

George Floyd fut assassiné par l’État américain le 25 mai :  il mourut après qu’un policier s’agenouilla sur sa gorge pendant 8 minutes et 46 secondes pendant que Floyd l’implorait : „I can’t breathe“. Breonna Taylor, une infirmière de 26 ans, fut abattue par la police dans son domicile le 13 mars, par erreur. Eric Garner fut assassiné par l’État américain le 17 juillet 2014 : il mourut après qu’un policier l’étrangla durant des minutes, pendant que Garner l’implorait 11 fois : „I can’t breathe“. 

Les manifestations de masses aux États-Unis ne dénoncent pas des incidents racistes individuels. Ils dénoncent un racisme structurel qui définit les États-Unis depuis toujours, et ils s’opposent surtout contre la déshumanisation persistante et les meurtres continus d’Afro-Américain.e.s par l’État et des vigilantes auto-proclamés blancs.

Le racisme n’est pas seulement une attitude personnelle, mais un modèle d’affaires dans lequel les humains non-blancs valent moins que les blancs, et un modèle de société dans lequel ces humains sont seulement des moyens pour arriver à une fin. Aux États-Unis, et aussi en Europe.

Aucune population aux États-Unis ne devient plus souvent victime de violence policière gratuite que les Afro-Américain.e.s. Aucune population n’est plus souvent acheminée, moyennant des lois taillées sur elle, vers le système carcéral privatisé où les États-Unis détiennent presque un quart de tous les incarcéré.e.s du monde. La police américaine travaille depuis des décennies avec du matériel militaire. Procuré pour alimenter l’industrie d’armes, légitimé par un péril « noir » qu’il faut absolument maintenir dans les esprits et mettre en scène par des interventions médiatisées afin de pourvoir continuer de tirer profit de la production d’armes et du complexe carcéral-industriel. Nous nous souvenons des véhicules blindés à Ferguson, Missouri, en 2014, après que la police a touché par balle Michael Brown et l’a laissé saigner à mort dans la rue pendant 4 heures. Au plus tard depuis la menace du président Trump d’envoyer l’armée dans les villes contre la volonté des gouverneurs pour « dominer » le peuple, nous nous souvenons aussi des chars dans les rues en flammes de Detroit en 1967 et des émeutes de Los Angeles en 1992. Nous nous souvenons aussi du péril prétendument posé par les refugié.e.s continuellement invoqué en Europe et au contrôle au faciès pratiqué surtout dans le trains, les gares et le aéroports, où l’identité raciale ou ethnique perçue suffit pour légitimer un contrôle policier. Nous nous souvenons de la militarisation de la Méditerranée où des centaines de personnes meurent chaque année. Nous nous souvenons d’Oury Jalloh et de Laya-Alama Condé, tués par la police en Allemagne. Nous nous souvenons d’Amadou Koumé et d’Adama Traoré en France. Nous nous souvenons des innombrables autres persécuté.e.s et tué.e.s par la police en Europe pour leur « race ».

Aucune population aux États-Unis n’était et n’est plus fortement touchée par le CORONA que les Afro-Américain.e.s. Il en est de même pour la population noire au Royaume-Uni. En Allemagne, au début de la vague d’infections actuelle, les foyers de réfugié.e.s surpeuplés furent simplement scellés du monde extérieur par la police, pendant que le virus se propageait à l’intérieur, infectant et tuant nombre de personnes. Au Luxembourg, certain.e.s réfugié.e.s ont dû endurer le confinement dans des chambres sans fenêtres dans des containers.

Aucune population aux États-Unis n’est plus exploitée économiquement que les Afro-Américain.e.s. Mais sur les plantages européennes aussi, des migrant.e.s « illégaux »/ « illégales » de l’Afrique sub-saharienne sont exploité.e.s dans des conditions parfois semblables à l’esclavage afin que les aliments restent à bas prix au Luxembourg et ailleurs. Les forces de l’État, par exemple en Italie, ne ferment pas seulement volontairement les yeux sur ces conditions, mais aident à déporter des travailleurs osant réclamer leurs droits. L’étude européenne « Being Black in Europe » publiée en 2018, et les événements suivants sur « Being Black in Luxembourg » ont montré il n’y a que peu de temps qu’aussi au Luxembourg le racisme, surtout contre les noirs, n’est pas seulement présent dans les esprits, mais a des racines profondes dans les conditions sociales. Dans notre pays aussi, la discrimination et l’exploitation sur le marché du travail blessent. 

L’assassinat filmé de George Floyd donne preuve une nouvelle fois que le racisme continue de tuer. Mais la mobilisation pour demander justice pour George Floyd et les autres victimes de la violence policière démontre aussi que ce racisme n’est plus toléré. L’appel « Black Lives Matter ! » nous rappelle de lutter aussi en Europe et au Luxembourg contre l’exploitation structurelle des personnes non-blanches, et surtout noires. déi Lénk est solidaire avec les mouvements de contestation aux États-Unis. déi Lénk soutient aussi les mouvements d’Afro-Descendant.e.s au Luxembourg et lutte contre le racisme et le fascisme en toute forme, partout, à tout moment. De ce fait, déi Lénk appelle le gouvernement luxembourgeois à s’engager au monde et sur place contre toute forme de discrimination et surtout contre le racisme structurel. Nos prochain.e.s ne doivent plus être réduit.e.s à des objets ou commodités, à des main d’œuvres exploitées et invisibles, à des alibis pour l’acquisition de matériel policier et de surveillance.

déi Lénk revendique notamment que:

  • Le gouvernement et le parlement dénoncent de manière directe et par le moyen de l’Union Européenne les États-Unis pour leur racisme structurel, et qu’ils interviennent sans conditions pour la protection des manifestant.e.s
  • Le gouvernement et le parlement doivent prendre des positions claires et fortes contre la militarisation de la Méditerranée et s’engager pour un renforcement des structures humanitaires aux frontières extérieures de l’Europe
  • Le gouvernement et le parlement doivent créer des mesures de contrôle et de pénalisation effectives pour assurer la protection des minorités. Le commerce avec des commodités produites, en Europe ou ailleurs, sous des conditions dédaigneuses de la dignité et des droits humains doit être interdit et les États qui soutiennent ou facilitent un tel commerce rendus responsables devant la justice européenne
  • Le gouvernement et le parlement doivent intervenir contre la discrimination dans le système éducatif, qui, sur base de stéréotypes racistes, oriente les personnes non-blanches prioritairement vers des formations professionnelles avec des perspectives de revenue réduit, et créer activement des mesures pour assurer plus de diversité et d’intégration dans toutes les formes d’éducation et à tous les niveaux
  • Le gouvernement et le parlement doivent créer des mesures de contrôle et de pénalisation effectives contre la discrimination sur le marché du logement, où les réfugié.e.s et personnes non-blanches continuent d’être désavantagés sur base de leur origine ou identité
  • Le gouvernement et le parlement doivent garantir que le contrôle au faciès n’est pas exercé au Luxembourg
  • Le gouvernement et le parlement doivent enfin donner au Centre pour l’égalité du traitement un réel pouvoir, entre autres en augmentant son budget, en rendant la coopération active dans les enquêtes du CET obligatoire sous menace de pénalisation et en accordant au CET le droit de porter devant la justice des cas de discrimination

Le racisme n’est pas simplement une opinion, mais surtout un système d’exploitation et de marginalisation motivé économiquement. L’éducation et les explications sont des instruments centraux mais insuffisants dans la lutte contre le racisme. C’est pourquoi cette lutte – aux États-Unis, en Europe, au Luxembourg – doit aussi être une lutte contre la capacité de tirer profit, matériellement ou personnellement, de la dévalorisation d’autres hommes. 

déi Lénk soutient l’appel de Lëtz Rise Up de manifester le vendredi 5 juin à partir de 14h devant l’ambassade des États-Unis et appelle à paraitre nombreuses et montrer sa solidarité.

Wehret den Anfängen!

Letzte Woche wurde in Luxemburg an den Streik von 1942 gedacht. Damals traten ArbeiterInnen in Wiltz, Esch, Differdingen, Ettelbrück und Diekirch in den Streik, nachdem Gauleiter Simon wenige Tage zuvor die Eindeutschung der LuxemburgerInnen und die Zwangsrekrutierung junger luxemburgischer Männer in die Wehrmacht angekündigt hatte.  21 ArbeiterInnen sollten diesen Mut mit ihrem Leben bezahlen und viele Familien wurden umgesiedelt.

In Chemnitz wurden vor einer Woche diese bösen Geister wieder geweckt. Ausgelöst durch eine Messerstecherei, gab es seitdem fast täglich Ausschreitungen und Übergriffe auf die Polizei, auf die Presse und auf Ausländer. In den Straßen von Chemnitz werden offen rechtsradikale Parolen skandiert. Erschreckend sind hierbei die Reaktionen der Polizei und einem Teil der Politik, die den braunen Mob größtenteils gewähren lassen.

Besonders besorgniserregend ist auch der nun erstmals öffentliche Schulterschluss zwischen der rechtspopulistischen AfD mit der islamfeindlichen Organisation PEGIDA sowie der rechtsextremen Gruppierung „Pro Chemnitz“ im Rahmen eines gemeinschaftlich organisierten „Gedenkmarsches“.

déi Lénk sprechen sich hiermit klar gegen rassistische und fremdenfeindliche Hetze und Gedankengut aus. Wir appellieren an alle, die Augen nicht zu verschließen, und sich rechtem Gedankengut entgegenzustellen. Ohne ein kollektives Entgegenwirken der großen Mehrheit der Gesellschaftwerden rechtspopulistische und rechtsextreme Positionen immer salonfähiger werden.

Die Vorfälle in Chemnitz müssen in einem Blickwinkel der steigenden sozialen Ungleichheiten verstanden werden. Der Verfall der Demokratie kann nur mit einer inklusiven Politik gestoppt werden, die sich für die Belange aller Menschen einsetzt.

Luxemburg ist dabei keine Insel. Identität, Sprache und Wachstum werden in Luxemburg zu den wichtigen Wahlkampfthemen hochgespielt. Dabei werden diese Fragen oft einseitig in der Öffentlichkeit thematisiert und überdecken dadurch viel grundlegendere Herausforderungen, die sich in unserer Gesellschaft stellen wie etwa die Bekämpfung der wachsenden sozialen Ungleichheiten, der Wohnungsnot und der Ursachen und Folgen von Klima- und Umweltschäden. Ortsschilder werden sicherlich niemandem den Zugang zu angemessenem Wohnraum erleichtern, einem Kind aus der Armut helfen oder Ungerechtigkeiten bei der Besteuerung von Einkünften aufheben. 

Pour une transformation des luttes anti racistes

Zu Gast am Land

La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a sorti son cinquième rapport sur le Luxembourg en février 2018. Dans son rapport, l’ECRI met en lumière la montée d’un discours raciste et islamophobe, et fait état de plusieurs domaines pour lesquels il engage les autorités luxembourgeoises à « élimer toute discrimination structurelle subsistante ». Le premier de ces domaines est celui de l’accès à l’emploi.

Au Luxembourg, 75% des emplois peu qualifiés sont occupés par des personnes issues de l’immigration. Et si le taux de pauvreté est six fois plus élevé parmi les ressortissant.e.s des pays tiers que parmi les nationaux, les populations qui rencontrent le plus de problèmes sur le marché du travail sont les ressortissant.e.s du Cap-Vert, les demandeu.se.r.s de protection internationale et les musulman.e.s. Une étude du Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (CEFIS) sur la communauté capverdienne au Luxembourg montre même que le taux de chômage chez les capverdien.ne.s atteint le triple de la moyenne nationale qui est de 7%. Mais l’aspect le plus préoccupant concerne la scolarisation des enfants. L’étude du CEFIS met en garde contre l’ampleur des discriminations structurelles dans l’éducation et particulièrement pour la communauté capverdienne. En effet, parmi toutes les communautés d’immigré.e.s les plus importantes sur le territoire luxembourgeois, les enfants capverdiens sont de loin ceux qui redoublent le plus souvent une classe. Un échec scolaire que le CEFIS lie aux conditions sociales vécues par les parents immigrés, notamment sur le marché de l’emploi et du logement. L’étude pointe également le sentiment de discrimination et d’injustice ressenti par certains parents concernant l’orientation scolaire de leurs enfants. Il s’agit là, selon eux, de « discriminations indirectes, voire inconscientes, dictées par le système ». Les décisions prises par les enseignant.e.s, qui ont tendance à orienter les élèves capverdien.ne.s vers le modulaire, contribuent à « une rapide ethnicisation des rapports sociaux dans le champ scolaire », une situation ayant pour base « les préjugés véhiculés au Luxembourg à propos des capverdiens ».

La situation démographique particulière du Luxembourg, avec 47% de non-luxembourgeois.e.s résident.e.s, ainsi que 180 000 travailleurs et travailleuses frontalières français.e.s, allemand.e.s et belges également visé.e.s par la xénophobie, a tendance à diluer les discriminations subies par les minorités visibles. Pourtant, le discours de haine qui s’est amplifié depuis le référendum sur le droit de vote des étrangers en 2015, vise principalement les réfugié.e.s et les minorités visibles. Par ailleurs, le sondage réalisé par TNS-ILRES pour le Centre de l’Egalité de Traitement (CET) en 2015, montre que le pourcentage des discriminations relatives à la couleur de peau est plus élevé que tous les autres motifs (14%).

Face à ce constat, il est nécessaire que la lutte pour l’égalité devienne un thème transversal à toutes les autres questions qui concernent la cité, avec un autre mode d’action qui se situerait sur le plan politique, tout comme l’est devenue la cause écologiste dans les années 1970, lorsque les travaux scientifiques sur l’impact de l’industrialisation sur l’environnement ont peu à peu engendré une réflexion politique, suscitant une prise de conscience de la société civile.

Sandrine Gashonga
Candidate aux élections législatives dans la circonscription Centre
Membre de la Coordination Nationale

 

 

 

 

Neijooschried vum Carole Thoma

La vidéo du discours de notre co-porte-parole Carole Thoma prononcé lors du Pot du Nouvel An est désormais en ligne.

Léif Komrodinnen a Komroden,
Léif Gäscht,
Léif Frënn,

Als Virbereedung op meng Ried hunn ech mer ugelauschtert, wat d’lescht Joer op dëser Plaz gesot gouf. Deemools huet de Marc ugefaangen, andeems en eis alleguer vill Kraaft fir dat neit Joer gewënscht huet. Am Réckbléck hu mer déi Kraaft och gebraucht. Well 2016 war deelweis – entschëllegt den Ausdrock – e schäiss Joer.
Aleppo gouf zum Symbol fir all déi Plazen op der Welt, wou d’Bevëlkerung ënner mäerderesche Kricher leide muss. Mir hunn all live materlieft, wéi sech d‘Situatioun ëmmer méi zougespëtzt huet bis déi humanitär Katastroph perfekt war.
An den USA gouf e Mann mat Hëllef vu Rassismus a Sexismus, vu Gewaltverherrleschung a Ligen zum nächste President gewielt.
D‘Briten hu sech opgrond vun Hallefwourechten an Angschtmaacherei dozou entscheed, d’EU ze verloossen.
An hei zu Lëtzebuerg hate mer de Luxleaks-Prozess, wou den Antoine Deltour an de Raphael Halet  an éischter Instanz zu Prisongs- a Geldstrofe condamnéiert goufen. 2 Whistleblower also, déi just ëffentlech gemaach hunn, wéi wäit Lëtzebuerg geet fir am internationale Steierdumping d’Nues vir ze halen.
An deem Prozess koumen dann esou aberwitzeg Geschichte raus, wéi z.B., dass PwC Bréifpabeier vun der Lëtzebuerger Steierverwaltung zur Verfügung hat fir schnell an einfach Rulingen ausstellen ze kënnen.
Normal, mat Steiervermeidung ass net ze spaassen, do zielt all gewonnenen Dag. Wa mer do ze lues sinn, kéint en anert Land kommen an eis keng Steieren virun der Nues ewech klauen.
A während viru Geriicht sech zwee Whistleblower verdeedege mussen, well si opgewisen hunn, dass riseg Betriber mat enorme Beneficer quasi keng Steier bezuelen, geet an der Gesellschaft déi sozial Schéier weider auserneen.
Den Aarmutsrisiko läit bei 16% an all Fënnefte riskéiert an der Tëschenzäit, Affer vun Aarmut oder sozialer Exklusioun ze ginn. Ëmmer méi Leit bleift um Enn vum Mount näicht méi iwwereg, well schonn alleng de Logement d’Halschent vun hirem Loun frësst.
Fir deem entgéintzewierken huet d’Regierung eng Steierreform op de Wee bruecht. Deene Leit, vun deenen ech elo grad geschwat hunn, hëlleft dat zwar net immens vill. Vum grousse Kuch kréie si just déi puer Grimmelen, déi vum Dësch falen.
Eng Steierreform, déi zu méi sozialer Gerechtegkeet géing féieren, hätt ganz anescht missen ugepak ginn. Nee, hei hu mer et, kuerz virun de Wahlen, mat enger Tournée générale ze dinn.
Anescht kann een et net bezeechnen, wann Paien bis zu 25 Dausend Euro de Mount dovu profitéieren. Wou ass do d’Stäerkung vun der Mëttelschicht oder d’Ennerstëtzung vun den ënneschte Lounkategorien?
Dobäi kënnt, dass och nach lauter Steierkaddoen un déi grouss Betriber verdeelt goufen, sou dass dem Staat am ganzen iwwer 500 Milliounen Euro manner zur Verfügung stinn. Suen, déi eigentlech gutt géinge gebraucht gi fir wichteg Investissementer, zum Beispill an de Logement oder eise Sozialsystem, dee bei all Geleegenheet ofgebaut gëtt.
Well déi puer Grimmelen, déi fir déi normal Leit vum Dësch falen, gi bei wäitem net duer fir d’Austeritéitspolitik vun dëser Regierung während de leschte Joeren ze vergiessen.
Nach am Juni gouf d’Kannergeld gekierzt. An och déi geplangte Reform vun der Fleegeversécherung ziilt just drop of, d‘ Ausgaben ze reduzéieren.
Gläichzäiteg wiert sech d’Regierung awer dogéint, Steiere vun e puer honnert Milliounen, déi dem Staat zoustinn, ze kasséieren, wéi mer am Dossier Fiat erlieft hunn a wahrscheinlech deemnächst och am Fall Engie.
Bei Sozialleeschtungen ze spuere fir spéider Steierkaddoen ze maachen ass eng Politik, géint déi mir eis ëmmer mat Hänn a Féiss gewiert hunn an och an Zukunft weider wäerte wieren.

Iwerhaapt huet dës Regierung, genau wéi déi virrecht, komesch Virstellunge vum Bild, dat Lëtzebuerg ausstrahle soll. Mir sinn net nëmmen a Steierfroen net d’accord, mä och wann et drëms geet, wien hei wëllkomm ass.
Mir hu schonn e puermol kritiséiert, dass verschidde Ministere sech ze vill op déi Ultra High Net Wort Individuals, wéi se sou schéi genannt ginn, konzentréieren an doduerch d’Realitéit, an där déi meescht Leit hei am Land wunnen, aus den Ae verléieren.
Riseg Luxusimmobilien dreiwen de Präisspigel enorm an d’Luucht a blockéieren de Wunnraum, virun allem am Zentrum. Jonker a Leit ouni feste Wunnsëtz ginn aus de Stadzentre verdriwwen, well se net an d’Bild passen, dat soll vermëttelt ginn.
Mä de Clou kënnt mat deem neien Immigratiounsgesetz, dat an e puer Woche soll gestëmmt ginn.
An deem Projet de loi ass festgehal, dass eng Famill mat Kanner, déi op Lëtzebuerg kënnt, kann am Centre de Rétention festgehale ginn, an zwar net méi, wéi bis elo, 3 Deeg laang, mä ganzer 7 Deeg.
Eng Famill mat klenge Kanner, déi also näischt falsch gemaach huet, ausser op Lëtzebuerg ze komme fir hei Asyl unzefroen, soll kënnen eng ganz Woch laang festgehale ginn.
Gläichzäiteg ginn am selwechte Projet de loi nei Kritären agefouert fir en Titre de Séjour ze kréien. Dee gëtt nämlech dann u jidderee verschenkt, deen tëscht enger halwer Millioun an 20 Milliounen Euro zu Lëtzebuerg investéiert.
Wie Fric huet, däerf bleiwen; wie vu Misère an Honger fortleeft, gëtt 7 Deeg agespaart an da rëm heem geschéckt. Dat ass Immigratiounspolitik à la Blo-Rout-Gréng. An eng Schan!
Verschidde Politiker wëllen d’Rechter vun engem Mensch anscheinend vu sengem Bankkonto ofhängeg maachen.
Ma net nëmmen an der Immigratiounspolitik, ganz allgemeng stellt sech d’Fro, wéi eng Visioun vu Lëtzebuerg déi grouss Parteien hunn.
Hinne schéngt et duerzegoen, sech op juristesch Ingenieurskonscht ze spezialiséieren, ob am Kader vum Steierdumping oder neierdéngs am Space Mining. Well, si mer éierlech, et kann nach esou spannend kléngen, mä schlussendlech handelt et sech beim Space Mining ëm näicht aneres wéi eng weider Iddi, wéi een alt nees alleng duerch Erëmjongléieren mat Paragraphen, Sue maache kann, déi engem net gehéieren.
Et geet nämlech drëm, e legale Kader hierzestellen, deen et privaten Entreprisen erlaabe soll, natierlech Ressourcen vun Asteroiden ze accaparéieren. An dat obwuel sech d’Vereente Natiounen eens sinn, dass de Weltraum der ganzer Menschheet gehéiert an domat net einfach privatiséiert ka ginn.
Ganz dovun ofgesinn huet de Space Mining net wierklech eppes mat der Economie circulaire ze dinn, déi vum selwechte Minister sou grouss annoncéiert gouf. Wou ass de Kreeslaf, wa mer elo schonn iwwer d’Grenze vun der Äerd ewech Ressource siche ginn?
Bei där ganzer Fëscherei a legale Grozonen an Ëmverdeelung vun ënnen no uewen si mir als déi Lénk oft déi eenzeg, déi dertëschent fonken. CSV an ADR stëmmen de Gros vun de soziale Kierzungen a Verschlechterunge mat, nach méi wäit vir sti se wann et drëm geet, Kaddoen un déi Räich ze verdeelen. Dat heescht, wa se net grad ze vill mat der Sich no Krëppercher a Kleesercher beschäftegt sinn.

Als Lénk hu mir dogéint versicht, eis Hausaufgaben ze maachen. Ech erënneren drun, dass mer dat ganzt Joer iwwer eng Campagne iwwer de Logement lafen haten, déi och nach dëst Joer wäert weidergoen, virun allem op Gemengeniveau.
Mir hunn net nëmmen opgewisen, wou de Moment déi gréisst Problemer leien, mä och ganz konkret Propose gemaach, wéi een de Leerstand mobiliséiere an déi batter néideg zousätzlech Wunnunitéite kuerz- a mëttelfristeg schafe kann.
Mir hu Motiounen an de Gemengeréit eraginn fir d’Locatairen anstänneg iwwer hier Rechter ze informéieren.
A mir hunn eng Proposition de loi agereecht, an där festgehal ass, dass deejéinegen, deen eng Immobilienagence an Usproch hëlt, och d’Provisioun muss bezuelen.
Vu dass et sech dobäi an deene meeschte Fäll ëm de Proprietaire handelt, gëtt de Locataire dovu befreit, e Service ze bezuelen, deen en ni bestallt huet. Dëse Prinzip existéiert an all eisen Nopeschlänner a géing zu enger net ze ënnerschätzender Entlaaschtung vun de Locataire féieren.
Mä de Logement ass just ee vun deene Sujeten, op deene mer geschafft hunn.
Éier eis zwee Deputéiert géint d’Reform vum PAN-Gesetz gestëmmt hunn, well dës an där Versioun Verschlechterungen fir d’Salariéen duerstellt, hu si eng Rëtsch vun Amendementer ausgeschafft, fir e bessert Gläichgewiicht tëscht Betrib a Salarié hierzestellen.
Am Géigenzuch zu der gefuerderter Flexibiliséierung wollte si méi Sécherheet an eng Oarbeschtszäitverkierzung duerchsetzen.
All eenzelt Amendement, dorënner d’Fuerderung no enger 6. Congéswoch,  gouf ouni jeeglech Diskussioun vun all deenen anere Parteie verworf.
Dat ass ëmsou méi verwonnerlech, wann ee weess, dass déi zousätzlech Congéswoch schonn eng Kéier an enger Gesetzespropositioun gefrot gouf, déi vu kengem anere wéi dem deemoolege gréngen Deputéierte François Bausch virgeluecht gi war. Esou schnell ännere sech d’Prioritéiten vu Gréngen wa se bei deene Grousse matspillen däerfen.
An och dass gëschter den Owend den Etienne Schneider op eemol d’Iddi vun enger Aarbeschtszäitverkierzung uklénge gelooss huet, kann no där Geschicht dach keen eescht huelen. De leschte Mount war d’Chance do!
Dat selwecht beim Mindestloun. Déi minimal Erhéijung, mat där sech esou gebrëtzt gouf, war näischt aneschters wéi eng gewéinlech Upassung un d’Lounentwécklung.
Domat bleift den onqualifizéierte Mindestloun ënnert där Zomm, déi ee laut STATEC brauch, fir hei am Land en ugemiessene Liewensstandard ze hunn.
Lëtzebuerg verstéisst an deem Fall géint déi europäesch Sozialcharta. Dat muss ee sech emol virun Aen halen.
Lëtzebuerg, eent vun deene räichste Länner vun der Welt, dat fräiwëlleg op Steieren a Milliardenhéicht verzicht an no de Stären, pardon, Asteroiden, gräift, eist wonnerbart Lëtzebuerg, schaaft 11% working poor. Dat heescht, all 9., deen hei am Land schaffe geet, kann net anstänneg vu sengem Loun liewen.
Fir dat ze änneren, hunn déi Lénk eng Motioun an der Chamber agereecht mat den Ziler, de Mindestloun esouwäit ze hiewen, dass een dezent dovu liewe kann, a gläichzäiteg d’Regierung opzefuerderen, en Aktiounsplang géint de Phänomen vun de Working Poor opzestellen.
Et kéint ee mengen, et wier schonn traureg genuch, dass et iwwerhaapt zu sou enger Motioun muss kommen, mä et geet nach besser.
Well ouni iergendeng Diskussioun oder Erklärung hunn d’Deputéiert vun déi Gréng, der LSAP an der DP ausnahmslos géint déi Motioun gestëmmt.
Zwou vun deenen dräi Regierungsparteie mengen heiansdo nach, si kéinte sech als „sozial“ bezeechnen an all deene Leit wëll ech eppes soen, vläicht lauschtert jo deen een oder aneren dono heemlech, wat hei gezielt gouf.
Op verschiddene Sujete kann ee sech net hannert Franktiouns- oder Koalitiounszwang verstoppen. Jiddereen, deen an där Chamber sëtzt, gouf gewielt, an ass individuell responsabel fir seng Aktiounen.
Säit dem 7. Dezember 2016 ass all Deputéierten vun der LSAP a vun déi Gréng dofir matverantwortlech, dass Zéngdausende vu Mënschen hei am Land all Dag schaffe ginn ouni kënne vun hirem Loun ze liewen. That’s on you. An dofir gëtt et keng Excuse.
Kolleginnen a Kollegen
Nodeems ech elo sou vill negativ Stëmmung verbreet hunn, muss ech awer och soen: Et war net alles schlecht. Nee, well trotz allem huet d’Zivilgesellschaft dat lescht Joer nees mobiliséiert an ass wéinst soziale Froe massiv op d’Strooss gaang.
Ech erënneren un déi riseg Manif am Juni, wou iwwer 9000 Leit fir d’Opwäertung vun de Fleege- a Sozialberuffer op d’Strooss gaange sinn. Ech si frou, dass et zu Lëtzebuerg nees eng Gewerkschaftskultur gëtt, déi et fäerdeg bréngt, massiv ze mobiliséieren, wann et néideg gëtt.
An da kann ech natierlech net aanescht, wéi iwwer CETA an TTIP ze schwätzen.
Et ass bal net ze gleewen, dass et fäerdegbruecht gouf, iwwer déi leschte Joeren en éischter drëchene Sujet wéi Fräihandelsaccorden, esou staark an de Fokus vun der Allgemengheet ze stellen.
Europawäit hunn 3.5 Millioune Leit eng Petitioun ënnerschriwwen. Ëmmer méi grouss a méi staark ass d’Well vun de CETA-Géigner ginn. 2015 hunn hei zu Lëtzebuerg nach 2000 Leit dogéint manifestéiert, 2016 waren et der schonn iwwer 5000. Zu Berlin eng hallef Millioun.
Europawäit, an och a Kanada, hu sech Gewerkschaften, Ëmweltverbänn, NGOen a Bierger zesumme gedoen fir den neoliberale Kräften entgéintzetrieden. Et ass ëm net manner gaangen, wéi déi sozial an ekologesch Standarden ze schützen an eis Demokratie net u Multinationalen ze verkafen.
D’Argumenter ware kloer op eiser Säit.
An awer huet d’Europäesch Kommissioun, zesumme mat deenen nationale Regierungen, net opgehalen, en Traité, deen d’Gesellschaft kloer net wollt, duerchzeboxen.
Nach besser: Wou dat wallounescht Parlament gedreet huet, säin Accord fir déi belsch Ënnerschreft net ze ginn a soumat dee ganzen Accord platzen ze loossen, do hunn d’Verdeedeger gejéimert, dat wier ondemokratesch.
Wat ass dat fir en Demokratieverständnis?
E puer Technokraten an hier Marionetten an de Regierunge mengen, si wéissten et besser wéi quasi déi komplett europäesch Zivilgesellschaft a probéieren, op Biegen und Brechen en Accord ze forcéieren, deen d’Majoritéit vun de betraffene Leit net wëll.
Mä wann dann een decidéiert, dat net mat ze maachen, dann handelt deen ondemokratesch.
Dat ass lächerlech a weist en trauregt Bild esouwuel vun der europäescher Kommissioun, wéi vun den nationale Regierungen.
Wéi der wësst, gouf CETA awer, trotz deem massive Widerstand, ënnerschriwwen.
Déi lëtzebuergesch Politiklandschaft huet sech op deem Dossier net mat Ruhm bekleckert.
Déi Lénk waren déi eenzeg, déi vun Ufank un a bis zum Schluss kloer géint CETA waren. D’DP, CSV an d’ADR sinn dofir.
D’LSAP huet, dank der Erpressung vum Jean Asselborn, en Accord fir CETA aus der Basis erausgekëddelt an hier Jugend an de lénke Flillek monddout gemaach.
An déi Gréng? Déi hu sech esou laang gewonn a gekéiert, bis se anscheinend guer net méi woussten, wou lénks a riets ass. Et war en Aarmut.
Mä de Kampf ass nach net eriwwer. Dëst Joer wäert d’Europaparlament iwwer CETA diskutéieren. An och déi national Parlamenter musse Positioun bezéien, dat heescht déi lëtzebuerger Parteie sinn nach net aus dem Schneider.
Mir wäerte weider sou vill Drock wéi méiglech maachen, fir deen ondemokratesche Wësch dach nach ze stoppen an endlech en Ëmdenken an internationaler Handelspolitik ze forcéieren. Déi lescht Schluecht ass nach net geschloen.

Et ass net déi eenzeg Schluecht, déi mer an de nächste Méint virun eis hunn. An der Chamber wäert deemnächst iwwert den Etat d’Urgence diskutéiert ginn.
D’Regierung well dëse wesentlech ausweiden, an domad och d’Méiglechkeet, d’Chamber ze iwwergoen.
Virwand si praktescherweis déi Terrorattacken, vun deenen et der 2016 och leider nees eng Rëtsch gouf.
Dobäi missten eis rezent Fäll, wéi déi krass Iwwerreaktioun vum Erdogan op de Putschversuch an der Tierkei, oder d’Situatioun a Frankräich, eppes Besseres beléiert hunn:
En Noutstand déngt virun allem dozou, onbequem Widderstänn vun der Bevëlkerung fir sozial, demokratesch an ekologesch Causë roueg ze halen.
Net d’Attentater, mä den Etat d’Urgence an d’Muecht, déi doduerch konzentréiert gëtt, sinn déi eigentlech Gefor fir d’Demokratie.
A propos Demokratie: 2017 gëtt d’Joer vun de Wahlen. An Däitschland, Frankräich an Holland sinn dëst Joer Parlamentswahlen. Zu Lëtzebuerg fängt e ganze Wahlzyklus mat de Gemengewahlen un.
Wann ee sech den Trend vun de leschte Joeren ukuckt, kann een dat net op déi liicht Schëller huelen.

Ech gouf gebuer 1990, ee Joer nodeems an Europa d’Mauere gefall sinn. Menger Generatioun gouf eng oppe Welt mat Brécken amplaz vu Stacheldrot versprach.
Mä leider ass d’Entwécklung vun deene leschte Joeren nees an déi aner Richtung verlaf. Et gëtt sech zeréckgezunn amplaz op déi aner duer ze goen. Net nëmmen an den USA an an Israel, och matten an Europa ginn no 25 Joer erëm Mauere gebaut.
Zum Deel, an dat ass de Moment zu Lëtzebuerg de Fall, ginn awer och Hindernisser gesicht, wou eigentlech keng sinn. Sprooche si keng Barrièren, et si Brécken. Wien eng nei Sprooch léiert, léiert eng nei Kultur, eng nei Aart a Weis fir ze denke, kennen.
An deem Sënn hu mier eng riseg Chance. All déi verschidde Sproochen, déi mir op der Strooss héieren, maachen Dieren op. Dieren zu deenen iwwer 170 Nationalitéiten, déi an deem klenge Land hei friddlech zesumme liewen.
Lëtzebuerg war historesch ëmmer op seng Nopeschlänner ugewisen an huet vun der Sproochevillfalt profitéiert. An dat soll och esou bleiwen.
Mir mussen nees méi openeen duergoen.
Déi Politikverdrossenheet an déi Protestwieler, déi dat postfaktescht Zäitalter ageleet hunn, sinn net ouni Grond a leschter Zäit esou staark ginn.
D’Leit si rosen, si fille sech net eescht geholl, si fille sech zum Deel – haart ausgedréckt – veroarscht. An et ass kee Wonner.
Dat geschitt, wann ee mengt, Demokratie wier en eidelt Wuert, deem keng Konsequenzen ze follegen hunn.
Wa Millioune Leit hieren Desaccord zu engem Traité ausdrécken, deen dann awer duerchgeboxt gëtt.
Wa se 40 bis 50 Stonnen d’Woch schaffe ginn an um Enn vum Mount net méi wëssen, wéi se de Frigo fëlle sollen.
Wann se gesot kréien, mir missten all spueren an da gesinn, dass Milliarden vun Euro a Banke gepompelt gi fir de Spekulanten hier Primen auszebezuelen.
D’Leit fillen sech veraarscht a se hu Recht.
Mir kënnen net méi zum Business as usual iwwergoen. Et ass un eis, d’Roserei an d’Frustratioun an déi richteg Richtung ze lenken.
Mat deene ville Wahlen, déi op eis duerkommen, sti mer un enger Kräizung.
Entweder ännere mer de System, maachen e méi demokratesch, méi sozial, méi ekologesch a méi fair. Oder mir mëschen de Beton a fänken nees un, Maueren ze bauen.

D’Gemengewahle sinn eis Chance. Et si wichteg Wahlen. Zum enge well se den Optakt vum Wahlzyklus duerstellen.
Virun allem awer well et déi demokrateschst an déi inklusiivst Wahlen hei am Land sinn. Praktesch jidderee ka matmaachen an decidéieren. An dat ass wichteg, well eng Gesellschaftsverännerung gëtt net vun uewen erof diktéiert, se wiisst um klenge Plang.
Wa mer net wëllen, dass 2017 esou e schäiss Joer wéi dat lescht gëtt, da si mer all gefuerdert. Mir mussen all eis Verantwortung iwwerhuelen an dofir suergen, dass déi Verännerung an déi richteg Richtung verleeft.
Mir mussen d’Frustratioun an Engagement ëmwandelen an eis zesumme staark maache fir sozial an demokratesch Gemengen.
Gemengen, an deenen d’Leit solidaresch matenee liewen amplaz den Noper als Bedrohung ze gesinn.
Gemengen, an deene jidderee Member vun der Gesellschaft ass a keen ausgeschloss gëtt.
Ech sinn zouversiichtlech, dass mir, all zesummen, 2017 de Grondsteen dofier leeë kënnen.
An dofir wënschen ech Iech alleguer déi néideg Energie an Optimismus, fir no vir ze kucken an d’Maueren, déi um Wee stinn, anzeräissen.
Ech soen Iech merci.

Fin des droits de l’homme ? Lettre ouverte de notre député André Hoffmann

Lettre ouverte à Monsieur le Premier Ministre

Monsieur le Premier Ministre,

D’emblée, je vous avoue que je n’en crus pas mes yeux lorsque j’ai lu votre réponse à ma question parlementaire sur le sort douloureux du citoyen tunisien Salmi Taoufik Kalifi, expulsé, arrêté, torturé… Cette réponse témoigne d’une telle inconscience, d’une telle froideur pour les souffrances de ce citoyen expulsé de notre pays, et d’un tel mépris des droits de l’homme que j’ai de la peine à croire que vous l’ayez lue avant de la signer.

Après une perquisition assez brutale dans les milieux musulmans du Luxembourg en 2003, Monsieur Taoufik, de double nationalité tunisienne et bosniaque, fut arrêté et accusé d’activités ou d’intentions terroristes, mais sans inculpation, sans production de preuves. Sa demande d’asile ayant été rejetée, il fut expulsé de force vers la Tunisie. Or, nul ne pouvait ignorer, en 2003 déjà, que la Tunisie était loin d’être vraiment un Etat de droit et que les droits de l’homme n’y étaient pas garantis . Et en effet, Monsieur Taoufik fut arrêté immédiatement à l’aéroport de Tunis, torturé, sa famille fut poursuivie, en 2006 il fut condamné par un tribunal militaire à 6 ans de prison, libéré mais sous surveillance en 2009. Vraiment libre, l’on peut dire, depuis la chute du régime en Tunisie, il déclare dans le reportage récent d’un hebdomadaire luxembourgeois qu’il souffrira toujours des séquelles de la persécution et de la torture et qu’il exigera réparation de l’Etat luxembourgeois, qui est aussi responsable, à ses yeux, de ses souffrances.

A ce sujet, je me suis donc permis de demander au gouvernement de rouvrir le dossier et de répondre à un certain nombre de questions précises. Or, vous n’y répondez pas du tout ou de façon évasive – et parfois avec une insensibilité choquante.

Quelles sont les raisons qui ont conduit aux perquisitions, aux arrestations et à l’expulsion de Monsieur Taoufik en 2003? D’où émanaient les fausses informations? Le gouvernement s’obstine à occulter les sources. Quel était le rôle du Service de renseignement luxembourgeois, ou de Services secrets d’autres Etats? Y eut-il une implication directe ou indirecte des autorités tunisiennes ou des services secrets du régime? Je ne saurais accepter que l’on se réfugie derrière « la sécurité extérieure de l’Etat », comme vous l’avez fait en 2003. Si le gouvernement ne répond pas de façon convaincante à cette question, la modeste autocritique concernant les relations avec le régime tunisien perd sensiblement de sa crédibilité.

Pourquoi n’a-t-on pas procédé à une inculpation de Monsieur Taoufik au Luxembourg, avec la garantie d’un procès selon les normes de l’Etat de droit ? Pas de réponse.

Le refus de la demande d’asile de Monsieur Taoufik était-il justifié par la situation en Tunisie? Le rejet du recours était-il dû à l’impartialité de la justice ou à l’intransigeance du gouvernement et à une méconnaissance de la situation des droits de l’homme dans ce pays ? Ou la question des droits de l’homme était-elle considérée comme secondaire par rapport à la menace terroriste réelle ou imaginaire et les bonnes relations avec des régimes arabes supposer la combattre? Si tel était le cas, pourquoi ne pas l’avouer aujourd’hui et en tirer explicitement les leçons pour demain?

Après l’expulsion, le gouvernement s’est-il intéressé du sort de Monsieur Taoufik ? Est-il intervenu auprès des autorités tunisiennes pour le respect des droits de l’homme ? Votre réponse: « Le Luxembourg n’a pas d’emprise sur le déroulement des procédures judiciaires dans lesquelles Monsieur Kalifi a pu être impliqué en Tunisie ». Je n’arrive pas à croire qu’on entende se libérer à si bon prix de son engagement pour les droits de l’homme ! Avez-vous bien saisi la signification d’une telle formule pour la réaction à toute violation des droits de l’homme ou des normes de l’Etat de droit – ici ou ailleurs – hier, aujourd’hui et demain ? « Pas d’emprise » ?!

Par rapport aux souffrances de Monsieur Taoufik, la réponse du gouvernement n’exprime aucun regret, aucune excuse, n’assume aucune responsabilité, n’ouvre aucune perspective d’une réparation morale voire matérielle.

Par rapport au droit d’information du citoyen luxembourgeois, elle laisse transparaître une insouciance affligeante.

N’ayant pas perdu tout espoir, je me permets de réitérer ma demande: rouvrez le dossier, donnez toutes les informations sur ce qui s’est passé et pourquoi, acceptez le principe d’une réparation au moins morale.

En vous remerciant d’avance, je vous prie d’accepter, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.

André Hoffmann
Député

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