Keen ass illegal/Campagne contre le centre fermé [Frage]

Antworten von déi Lénk auf Fragen der Organisation « Keen ass illegal/Campagne contre le centre fermé ».

Fragen:
1) Etes-vous pour ou contre le centre de rétention?
2) Si oui, pourquoi? Si non, pour quelles raisons?

déi Lénk est et a toujours été contre toute sorte de centres de rétention pour demandeurs d’asile et réfugié-e-s. Un demandeur d’asile n’est pas un criminel et ne peut pas être traité comme tel en étant privé de sa liberté de mouvement.

Personne ne quitte son pays sans raison. Les gens qui sont poursuivis pour leur convictions politiques, appartenance religieuse ou identité sexuelle ou qui ont fuit la guerre, la destruction, les catastrophes écologiques et sociales doivent être accueillies au Luxembourg.

De même, d’éventuelles retrouvailles en famille ne devraient pas être empêchées. Le fardeau écrasant de l’amortissement de dettes, tout comme les diktats du IWF et de la Banque mondiale aggravent la misère des plus démunis au Sud et à l’Est. La politique commerciale de l’UE détruit le fondement de la vie de millions de gens qui sont matériellement contraint d’émigrer. Le changement climatique mène à un accroissement drastique des flux migratoires.

Émigrer devient bien souvent l’ultime chance de survie. Le «rideau de fer» de Schengen est inhumain. Ce n’est que par un ordre économique juste que nous pourrons atteindre une plus juste répartition à niveau mondial et endiguer les flux migratoires.

Nous voulons humaniser la politique d’asile et de migration européenne, ancrer le droit fondamental de liberté de mouvement et mettre fin aux milliers de morts aux frontières européennes. Il faut également supprimer le système des centres fermés européens pour les migrants/migrantes illégalisé-e-s, de même que l’agence militarisée européenne de gestion des frontières Frontex.

déi Lénk veut une politique différente à l’égard des réfugiés et des migrants:
– les conventions de Genève doivent être appliquées dans leur intégralité; le Luxembourg doit insister sur l’annulation de la directive «retour» (directive de la honte) et retirer sa propre loi répressive sur l’asile ;
– l’accueil et l’assistance des réfugiés doivent être améliorés (logement, infrastructures, droit au travail);
– pas de centre d’expulsion au Luxembourg; la prison d’expulsion du Findel doit être transformée en «Centre d’accueil», équipé de personnel qualifié, où les personnes pourront se mouvoir librement, pour qu’ils puissent digérer leur trauma et se retrouver dans le nouvel environnement;
– le Luxembourg doit cesser de participer à FRONTEX, « l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures» et s’engager dans la dissolution de tous les centres d’expulsion financés par l’UE;
– un droit de séjour devrait régler la recherche d’un emploi dans le cadre d’une politique d’immigration.

Amnesty International Luxembourg [FRAGE]

Reaktion von déi Lénk zur “Agenda pour les droits humains d’Amnesty International Luxembourg”: www.amnesty.lu

Déi Lénk adhèrent aux 6 objectifs formulés par Amnesty International Luxembourg dans son agenda pour les droits humains.

Concernant le point 1, qui traite de la régularisation du commerce des armes, nous pensons que le Luxembourg vu son engagement dans les institutions internationales a assez de poids dans le concert des nations pour faire entendre sa voix et oeuvrer vers la mise en place de contraintes dans le transfert d’armes respectant les droits humains, le droit international humanitaire et le droit pénal international. Pour ce faire notre pays devra ratifier le TCA et utiliser ses moyens diplomatiques pour inciter l’adhésion de nombreux autres pays. D’un point de vue de principe déi Lénk milite pour l’arrêt pur et simple de la production d’armement.

Concernant le point 2, nous appuyons la demande d’Amnesty International que le Luxembourg, après avoir signé le protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), le ratifie également dans les meilleurs délais.

Concernant le point 3, qui traite de l’abolition de la peine de mort, déi Lénk appuie la demande d’Amnesty International de traiter cette question à chaque rendez-vous diplomatique avec les pays qui pratiquent encore la peine de mort. déi Lénk insiste que cette approche doit compter pour tous les rendez-vous diplomatiques sans distinction d’appartenance à quelque alliance de camp, donc aussi envers les pays de l’OTAN.

Concernant le point 4, déi Lénk sont d’avis qu’il reste bien des discriminations graves touchant les migrants et surtout les réfugiés. Celles-ci concernent les durées de procédures, le traitement des demandes, la criminalisation et la détention, le refoulement, les abus des forces de l’ordre et les droits économiques, sociaux et culturels des demandeurs d’asile. Le droit au travail pour les demandeurs d’asile nous semble judicieux. déi Lénk sont actuellement particulièrement préoccupés par le fonctionnement du centre de rétention, voire le principe même de ce centre. Il y a des soucis à se faire concernant le traitement des migrants rom tant par les autorités que par une partie de la population.

Concernant le point 5, qui traite du tribunal pénal international et du soutien aux victimes de crimes contre l’humanité nous partageons les demandes d’Amnesty International Luxembourg. Ceci est vrai aussi pour la contribution du Luxembourg au fonds au profit des victimes.

Concernant le point 6, qui concerne les incursion des services secrets américains et britanniques dans les fichiers électroniques privés ainsi que la possible collaboration d’instances nationales à ces opérations illicites, déi Lénk pense que nous n’en sommes qu’au début de révélations qui pourraient livrer des actions illégales et liberticides les unes plus préoccupantes que les autres. La gravité des faits n’a pas encore trouvé son pendant qui consisterait une conscientisation suffisante du grand public. Elle n’a pas suffisamment nourri les questionnements de la présente campagne électorale. Il y va de la préservation de droits démocratiques élémentaires – comme celui du secret des lettres et de la préservation de la vie privée – qu’on croyait à l’abri dans des régimes constitutionnels à régime parlementaire. Il n’en est rien. Il faut mener le combat tant contre ces incursions scandaleuses des services secrets aglo-saxons, que contre les agissement du SREL (dont nous demandons l’abolition) que contre une indifférence encore trop importante face aux activités liberticides d’alliés atlantiques du Grand-Duché.
En matière des agissements du SREL nous rappelons que tout récemment deux de nos membres ont eu la confirmation qu’un dossier actif et illégal sur leur personne était ouvert au SREL tout récemment.

Fin des droits de l’homme ? Lettre ouverte de notre député André Hoffmann

Lettre ouverte à Monsieur le Premier Ministre

Monsieur le Premier Ministre,

D’emblée, je vous avoue que je n’en crus pas mes yeux lorsque j’ai lu votre réponse à ma question parlementaire sur le sort douloureux du citoyen tunisien Salmi Taoufik Kalifi, expulsé, arrêté, torturé… Cette réponse témoigne d’une telle inconscience, d’une telle froideur pour les souffrances de ce citoyen expulsé de notre pays, et d’un tel mépris des droits de l’homme que j’ai de la peine à croire que vous l’ayez lue avant de la signer.

Après une perquisition assez brutale dans les milieux musulmans du Luxembourg en 2003, Monsieur Taoufik, de double nationalité tunisienne et bosniaque, fut arrêté et accusé d’activités ou d’intentions terroristes, mais sans inculpation, sans production de preuves. Sa demande d’asile ayant été rejetée, il fut expulsé de force vers la Tunisie. Or, nul ne pouvait ignorer, en 2003 déjà, que la Tunisie était loin d’être vraiment un Etat de droit et que les droits de l’homme n’y étaient pas garantis . Et en effet, Monsieur Taoufik fut arrêté immédiatement à l’aéroport de Tunis, torturé, sa famille fut poursuivie, en 2006 il fut condamné par un tribunal militaire à 6 ans de prison, libéré mais sous surveillance en 2009. Vraiment libre, l’on peut dire, depuis la chute du régime en Tunisie, il déclare dans le reportage récent d’un hebdomadaire luxembourgeois qu’il souffrira toujours des séquelles de la persécution et de la torture et qu’il exigera réparation de l’Etat luxembourgeois, qui est aussi responsable, à ses yeux, de ses souffrances.

A ce sujet, je me suis donc permis de demander au gouvernement de rouvrir le dossier et de répondre à un certain nombre de questions précises. Or, vous n’y répondez pas du tout ou de façon évasive – et parfois avec une insensibilité choquante.

Quelles sont les raisons qui ont conduit aux perquisitions, aux arrestations et à l’expulsion de Monsieur Taoufik en 2003? D’où émanaient les fausses informations? Le gouvernement s’obstine à occulter les sources. Quel était le rôle du Service de renseignement luxembourgeois, ou de Services secrets d’autres Etats? Y eut-il une implication directe ou indirecte des autorités tunisiennes ou des services secrets du régime? Je ne saurais accepter que l’on se réfugie derrière « la sécurité extérieure de l’Etat », comme vous l’avez fait en 2003. Si le gouvernement ne répond pas de façon convaincante à cette question, la modeste autocritique concernant les relations avec le régime tunisien perd sensiblement de sa crédibilité.

Pourquoi n’a-t-on pas procédé à une inculpation de Monsieur Taoufik au Luxembourg, avec la garantie d’un procès selon les normes de l’Etat de droit ? Pas de réponse.

Le refus de la demande d’asile de Monsieur Taoufik était-il justifié par la situation en Tunisie? Le rejet du recours était-il dû à l’impartialité de la justice ou à l’intransigeance du gouvernement et à une méconnaissance de la situation des droits de l’homme dans ce pays ? Ou la question des droits de l’homme était-elle considérée comme secondaire par rapport à la menace terroriste réelle ou imaginaire et les bonnes relations avec des régimes arabes supposer la combattre? Si tel était le cas, pourquoi ne pas l’avouer aujourd’hui et en tirer explicitement les leçons pour demain?

Après l’expulsion, le gouvernement s’est-il intéressé du sort de Monsieur Taoufik ? Est-il intervenu auprès des autorités tunisiennes pour le respect des droits de l’homme ? Votre réponse: « Le Luxembourg n’a pas d’emprise sur le déroulement des procédures judiciaires dans lesquelles Monsieur Kalifi a pu être impliqué en Tunisie ». Je n’arrive pas à croire qu’on entende se libérer à si bon prix de son engagement pour les droits de l’homme ! Avez-vous bien saisi la signification d’une telle formule pour la réaction à toute violation des droits de l’homme ou des normes de l’Etat de droit – ici ou ailleurs – hier, aujourd’hui et demain ? « Pas d’emprise » ?!

Par rapport aux souffrances de Monsieur Taoufik, la réponse du gouvernement n’exprime aucun regret, aucune excuse, n’assume aucune responsabilité, n’ouvre aucune perspective d’une réparation morale voire matérielle.

Par rapport au droit d’information du citoyen luxembourgeois, elle laisse transparaître une insouciance affligeante.

N’ayant pas perdu tout espoir, je me permets de réitérer ma demande: rouvrez le dossier, donnez toutes les informations sur ce qui s’est passé et pourquoi, acceptez le principe d’une réparation au moins morale.

En vous remerciant d’avance, je vous prie d’accepter, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.

André Hoffmann
Député

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