Depuis hier matin les cheminot(e)s français(e)s continuent leur mobilisation pour la défense du service public ferroviaire en France. Leur lutte contre la privatisation des chemins de fer, la suppression de lignes moins rentables et la destruction de leurs droits aquis s’inscrit dans un contexte européen qui nous concerne tous: en France, au Luxembourg et ailleurs en Europe.
Selon les premières indications données, près de la moitié des personnels de la SNCF s’est déclarée grêviste pour ces 3 et 4 avril. La mobilisation a ainsi pris une ampleur historique et s’annonce plus importante encore que la grève des cheminots contre le plan Juppé en 1995.
Les cheminot(e)s français(es) se battent contre la libéralisation du rail déjà entamée en 2001 au niveau européen avec le premier des quatre paquets ferroviaires adoptés jusqu’ici (le quatrième datant de 2016). Ces directives imposent aux pays européens d’ouvrir à la concurrence leurs réseaux de transport ferroviaire et de gérer les entreprises des chemins de fer selon des principes qui s’appliquent aux sociétés commerciales. En Grande-Bretagne le service ferroviaire a déjà été privatisé. Les conséquences sont catastrophiques, la ponctualité des trains s’élève à 20%, les prix des tickets de transport flambent en même temps que les salaires des cheminots baissent. Ces derniers ont démarré la lutte pour la renationalisation du rail. On se demande pourquoi la France veut à tout prix emprunter le chemin inverse.
Avec la réforme annoncée de la SNCF le gouvernement d’Emmanuel Macron tente de forcer ces mesures et de détruire ce qui reste du service public ferroviaire français. Cette offensive se fait sur le dos des personnels de la SNCF et des usagers qui seront tôt ou tard confrontés à des suppressions de lignes non rentables, à des prix toujours plus élevés et à une baisse de la qualité et de la sécurité du service.
Les effets de ces mesures se feront également sentir par les cheminots et les usagers au Luxembourg. Le réseau ferroviaire luxemborgeois est fortement interconnecté et la mobilité dans la Grande Région repose sur la coopération efficace entre les quatre pays concernés. Si demain la SNCF décidait de changer sa tarification ou de supprimer une ligne, les usagers dans la Grande Région et surtout les frontaliers en payeraient le prix, sans parler des bouleversements qu’un tel développement produirait dans le secteur du transport luxembourgeois.
La casse du service public ne s’arrête d’ailleurs pas à la frontière franco-luxembourgeoise. En effet, les travailleu(ses)rs de LuxTram S.A. se retrouvent déjà actuellement dans un statut privé, contrairement aux chauffeu(ses)rs de bus AVL et des agents de la CFL. Ils sont donc beaucoup moins bien rémunérés que leurs camarades de l’AVL, du TICE et de la CFL et se retrouvent dans des conditions de travail indécentes. déi Lénk ne demande rien d’autre que les mêmes conditions de travail pour les travailleurs du Tram dont bénéficient, à juste titre, les salarié(e)s des autres moyens de transport publics.
déi Lenk soutient la grève des cheminotes et cheminots français(es) et fait appel à une large solidarisation avec la lutte des salariées et salariés du secteur du transport en France, au Luxembourg et partout en Europe.