Le député-maire CSV de Grevenmacher, Léon Gloden n’a pas pu cacher sa joie en annonçant sur les réseaux sociaux que l’Est du pays allait désormais être doté d’un scanner IRM installé dans le centre médicale de sa commune. Financé par des investisseurs privés, ce scanner symboliserait selon les dires du maire, un véritable progrès en matière d’accès à la santé dans la région. Pour déi Lénk, cette démarche symbolise une nouvelle étape dans la dégringolade du service public de la santé.
Depuis l’annulation par le tribunal administratif en décembre 2019 du refus du ministère de la Santé de livrer une autorisation pour l’installation d’un scanner IRM au sein d’un cabinet médical privé situé à la Cloche d’Or, les hôpitaux publics ont perdu le monopole sur ces appareils. En même temps, la nomenclature de la CNS est telle qu’elle ne permet pas encore de remboursement des actes prescrits dans le cadre d’un IRM s’ils ont lieu dans des cabinets privés.
Il y a donc un bémol dans cet affaire, comme il y en aura pour les futurs IRM installés peu à peu dans le paysage des structures de santé privées. Certes les IRM ne sont pas répartis en nombre suffisant sur le territoire luxembourgeois, créant des listes d’attentes considérables pour l’obtention d’un rendez-vous. Il est par conséquent compréhensible que certain.e.s patient.e.s se réjouissent de l’annonce faite par le bourgmestre de Grevenmacher.
En revanche, il est prévu que les patient.e.s paient dans un premier temps au prix fort et de leur propre poche le tarif d’une consultation IRM, comme l’a souligné hier la députée LSAP de l’Est Tess Burton. Ce petit détail devrait embarrasser un tant soit peu celles et ceux qui se réjouissaient trop tôt.
Au vu des données sur la couverture des soins de santé et du développement démographique, déi Lénk doute fortement que l’augmentation illimitée de l’offre en imagerie médicale soit une véritable priorité, alors que l’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques, de la santé mentale et les différentes mesures de prévention le seraient bien davantage. Les IRM sont des instruments très lourds et coûteux induisant des frais considérables à la fois d’entretien pour l’exploitant et de remboursement pour la CNS ainsi que de déboursement pour les patient.e.s. Ce qui d’un côté implique des frais d’investissement considérables, engendre de l’autre des gains considérables. D’un côté se trouvent les pouvoirs publics qui entretiennent ces appareils, de l’autre côté des acteurs privées qui financent et exploitent les IRM. Quelque part entre les deux se trouvent pris au piège les patient.e.s. qui paient leur santé au prix fort.
Ce n’est plus la peine d’attendre qu’un débat public sur le virage ambulatoire ait lieu à la Chambre des Députés. Le virage ambulatoire a déjà été pris depuis un bon moment. L’externalisation des prestations les plus lucratives de soins et de santé (laboratoires, imagerie médicale) de l’hôpital public vers des cabinets et bientôt des sociétés privés de médecins est en cours et prive les hôpitaux publics de ressources importantes.
déi Lénk avertit sur le fait que la privatisation rampante de notre système de santé public nuit gravement à la santé publique. Il suffit de regarder du côté de nos pays voisins pour s’en rendre compte. La crise sanitaire du Covid-19 l’a suffisamment mis en évidence.
Il faut rompre avec cette tendance.
déi Lénk revendique :
– la gestion en main publique des soins ambulatoires ;
– la mise en place de maison de santé pluridisciplinaires publiques ;
– le statut salarial pour les médecins exerçant dans les antennes et cabinets annexes des hôpitaux ;
Communiqué par la sensibilité politique déi lénk