Le projet « Südspidol » déclenche à nouveau la polémique. En dernier lieu c’est le bureau d’architecte en charge du projet que les membres du Conseil d’Administration du CHEM accusent d’imposture. Cette accusation qui se solde par une rupture de contrat avec l’architecte en question, retardera le chantier de 5 années, 5 années durant lesquelles, les habitant.e.s du Sud du pays devront se contenter des structures hospitalières existantes, mais en partie vétustes et insuffisantes pour garantir durablement la prise en charge des besoins de santé d’une population grandissante.
Il faut dire que le « Südspidol » n’en est pas à son premier scandale : démission spontanée du directeur médical du CHEM en 2020 en pleine pandémie, dont le poste n’a été repourvu qu’un an plus tard ; tentatives de saper le concept du nouveau « Südspidol » et de privatiser des activités de l’hôpital ; puis démission du directeur général ; enfin la soi-disant imposture du bureau d’architecte responsable de la conception du projet.
Pourtant, le plus grand scandale est l’affront ainsi infligé au droit de toutes et de tous à la santé et aux soins. Aussi, le projet « Südspidol » symbolise-t-il la politique de santé menée en faveur de l’intérêt privé et de la rentabilité économique. Au lieu de concevoir l’hôpital comme un établissement public doté en personnel, matériel et espace nécessaires afin de fournir des prestations de santé en fonction des besoins primordiaux et spécifiques de la population, les responsables politiques aux manettes du projet « Südspidol » s’intéressent avant tout à l’optimisation des coûts et à la rentabilité des soins et prestations.
Il faut se rendre à l’évidence que bien que financés à 100% par l’Etat, cela fait longtemps qu’au Luxembourg, comme partout ailleurs en Union européenne, les hôpitaux sont de plus en plus gérés comme des entreprises devant produire des profits. Actée par le plan hospitalier de 2018, la logique managériale s’est installée durablement dans les structures de soins et les hôpitaux. Cette logique avait déjà provoqué des fusions d’établissements et à travers elles des concentrations de pouvoirs et de moyens au détriment d’une détermination démocratique des soins et prestations procurés. Elle a fait finalement preuve de non-viabilité dans les phases les plus critiques de la pandémie : la logique du « just-in-time » néolibéral a mené à un surmenage immédiat des hôpitaux en temps de crise.
Cependant, aucune leçon ne semble en avoir été tiré. Au contraire le tournant néolibéral de la politique de santé luxembourgeoise poursuit sa route vers le soi-disant virage ambulatoire et la création de sociétés privées de médecins. A les entendre dire, on croirait que les responsables politiques du projet « Südspidol », dont le maire d’Esch-sur-Alzette, se soucient avant tout de relativiser la perte de 14.000.000 d’euros qu’implique l’arrêt de la collaboration avec le bureau d’architecte mis en accusation. Cette perte d’argent public est fortement critiquable. déi Lénk condamne également l’absence de considération pour le manque crucial de services de santé adéquats dans le Sud du pays, sachant que la fermeture des structures à Niederkorn et Dudelange a été prévue en raison de leur intégration dans le « Südspidol ». Ces structures, partiellement vétustes par ailleurs, devront décidemment tenir le coup encore quelques années.
déi Lénk rappelle ses revendications centrales en matière hospitalière qui valent d’autant plus pour la conception d’une structure aussi importante que le « Südspidol » :
- des hôpitaux sous gestion publique et transparente (faut-il rappeler qu’au Conseil d’Administration du CHEM siègent toujours 4 représentants d’ArcelorMittal qui co-décident en matière de santé publique).
- des moyens personnels et logistiques de contrôle renforcés pour le commissaire aux hôpitaux au lieu de laisser ce poste vacant.
- une planification hospitalière qui s’inscrira dans une conception globale du système de santé orientée vers les besoins sanitaires de la population.
Communiqué par la sensibilité politique