Luxembourg, le 14 novembre 2025
Le 27 octobre 2025, les soldats de la milice RSF au Soudan ont pris le contrôle de la ville d’Al-Fashir. Cette prise de contrôle a été suivie de violations des droits humains, notamment des exécutions massives et des viols. L’armée régulière soudanaise a également participé à diverses violations des droits humains. Cette nouvelle flambée de violence frappe un pays qui est depuis des années menacé par une famine massive. Selon l’ONU, 21,2 millions de personnes souffrent de famine extrême.
Dans le même temps, le Soudan est le terrain de jeu d’acteurs régionaux et non régionaux, qui soutiennent généreusement les différents camps, tant sur le plan financier que matériel. Des acteurs tels que l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis s’intéressent peu à la population civile locale, mais se préoccupent plutôt des matières premières et du contrôle stratégique. Et ils peuvent fournir sans entrave des armes aux deux camps, armes qui sont utilisées pour commettre des crimes contre les droits humains.
En tant que déi Lénk, nous condamnons toutes les formes de crimes contre l’humanité. Il est absolument essentiel de fournir une aide humanitaire à la population et de mettre fin aux violations des droits humains et du droit international. Les auteurs de ces crimes doivent être traduits devant les tribunaux internationaux.
déi Lénk, cependant, voit dans le Soudan un nouvel épisode d’un Occident qui ne se soucie ni des droits humains ni du droit international. Tout comme à Gaza, le Soudan est tout simplement ignoré et sa population livrée à elle-même.
Depuis 2023, Médecins Sans Frontières tente d’attirer l’attention du gouvernement luxembourgeois sur la gravité de la situation. Cependant, celui-ci ne s’y est intéressé qu’en 2024. En mai 2024, la Chambre a également adopté à l’unanimité une motion appelant le gouvernement luxembourgeois à tout mettre en œuvre pour mettre fin à la crise humanitaire au Soudan.
Il est donc déjà étonnant, à notre avis, que le ministre des Affaires étrangères Xavier Bettel, dans sa déclaration de politique étrangère de cette année, décrive comment, lors de sa récente visite au Kenya, son homologue kenyan a dû attirer son attention sur cette « crise oubliée ». Plus d’un an après la motion et plus de deux ans après le début de la crise, le Soudan n’est qu’un « fait divers ».
Cela montre également l’ordre du jour du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères, où le Soudan figurait sous la rubrique « Divers », mais grâce à notre ministre des Affaires étrangères, il est désormais un point principal à l’ordre du jour. Mais le Soudan était-il également un point principal à l’ordre du jour du ministre des Affaires étrangères Xavier Bettel lorsqu’il a participé au « Forum Sir Bani Yars » à Abu Dhabi en novembre 2024 ?
Le conflit au Soudan et le rôle très actif que jouent les Émirats arabes unis dans le soutien à la milice RSF figuraient-ils également à l’ordre du jour lorsque le ministre des Finances Gilles Roth s’est rendu à Abu Dhabi en mai 2025 ? Ou l’accent était-il plutôt mis sur les intérêts financiers et économiques ?
« Malheureusement, nous n’avons souvent pas assez de temps pour parler de cette région », peut-on lire dans la déclaration de politique étrangère du ministre des Affaires étrangères cette année. Une excuse courageuse après presque deux ans, après deux visites à Abu Dhabi, et malgré la présence d’une ambassade luxembourgeoise à Abu Dhabi qui pourrait également exercer une pression sur l’un des acteurs du conflit sur le terrain.
Cependant, l’UE avait assez de temps pour négocier un nouvel accord avec l’Égypte (un autre acteur activement impliqué dans le conflit). Des milliards d’euros doivent y être versés, notamment pour permettre à l’Égypte de retenir autant de réfugiés que possible. Il s’agit d’un des nombreux traités conclus avec des régimes autoritaires. Il est clairement prouvé qu’en Égypte, comme en Libye, les droits humains des réfugiés sont à peine respectés. Rien qu’en Égypte, on compte 1,5 million de réfugiés soudanais.
Le Soudan figurait-il sur l’ordre du jour de notre ministre des Affaires étrangères lors de sa visite en Egypte en janvier 2025 ou les intérêts financiers et économiques étaient-ils tout simplement plus importants ? Le temps et les opportunités sont là, mais l’intérêt, semble-t-il, ne l’est pas.
Le Luxembourg et d’autres États membres de l’UE montrent, non seulement dans le dossier soudanais, mais aussi dans d’autres, qu’ils ont une attitude plutôt désinvolte à l’égard du droit international et des droits humains. Au lieu d’agir, ils ignorent le problème afin de poursuivre des activités lucratives avec les acteurs régionaux.
Notre député, David Wagner, avait déjà pris position lors du débat sur la motion en mai 2024, déclarant qu’avec l’Égypte et les Émirats, il existe divers leviers pour faire pression et mettre fin à cette catastrophe humanitaire. Nous continuons donc à demander au gouvernement luxembourgeois de respecter la motion 4323.
Le Luxembourg doit exercer une pression active sur les puissances régionales, telles que l’Égypte et les Émirats arabes unis, et se faire le fervent défenseur, au sein de l’UE, de la mise en place de sanctions. Le Luxembourg et l’UE doivent plaider en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire et en faveur de la paix, afin d’aider enfin la population sur le terrain au lieu de donner la priorité aux intérêts économiques.
déi Lénk exprime sa solidarité avec le peuple soudanais et soutient l’appel de la communauté soudanaise au Luxembourg, qui se réunira le 15 novembre à 15 heures devant le ministère des Affaires étrangères.