CONGRÈS.

Le 20e congrès de déi Lénk (25 mars 2023) a été placé sous le signe des élections communales de 2023. Trois résolutions ont dénoncé les manquements et les erreurs de planification en matière d’urbanisme, de protection de l’environnement, de transition énergétique et de participation citoyenne. Les déficits démocratiques – la lourdeur des procédures d’inscription des non-Luxembourgeois sur les listes électorales, comme le double mandat de député.e-maire – sont de plus en plus évidents et freinent le processus démocratique et participatif. Dans le programme-cadre pour les élections communales à venir, qui a déjà été approuvé par la Coordination nationale en décembre 2022, des propositions alternatives développées par déi Lénk, qui représentent une politique communale sociale, démocratique et participative durable, sont présentées et expliquées. Il est grand temps que la réforme de la loi sur les communes soit enfin abordée.
Gary Diderich et Carole Thoma au 20e Congrès ordinaire
En outre, une résolution de solidarité avec les grévistes en France a été adoptée, avec un appel à les soutenir solidairement, également par des dons financiers à la caisse de grève.

Une modification importante des statuts concernant le mode d’élection de la Coordination nationale a permis d’inscrire dans les statuts l’objectif de parité, déjà pratiqué dans différents organes (bureau de coordination, portes-paroles, co-présidence). Les élections ont eu lieu sur deux listes – liste des femmes & liste des hommes (les personnes non binaires pouvaient s’inscrire sur l’une des deux listes). La nouvelle Coordination nationale compte donc 36 membres, élu.e.s pour la première fois de manière paritaire.

Rapport du mouvement politique par Gary Diderich
Rapport d’activités des députées par Nathalie Oberweis

Résolution principale

Les points incontournables d’une politique communale de gauche

Basée sur le catalogue de mesures retenues dans le programme cadre pour les élections municipales, cette résolution a pour objectif de soumettre au vote du Congrès les points forts d’une politique communale de gauche. Cette résolution tente ainsi de résumer les principaux objectifs politiques visés par le programme cadre et de souligner les enjeux et mesures auxquels une politique communale de gauche peut s’adresser en toute urgence dans une perspective écosocialiste.

Le programme-cadre établit que les communes peuvent – et devraient – contribuer à tracer des voies transitoires vers une autre logique de fonctionnement que celle d’une société capitaliste ! Aussi, s’agit-il de pousser les communes à faire pleinement usage de leurs pouvoirs de planification et de réglementation pour protéger l’environnement et la biodiversité ainsi que de lutter contre la pauvreté, l’exclusion sociale et la pénurie de logements abordables.

Dans le cadre de cette résolution, l’accent est mis sur le développement d’une mobilité durable, la lutte contre la pauvreté et le gaspillage énergétique et l’accès de toutes et tous à des logements abordables.

Améliorations des transports publics et développement d’une mobilité douce !

La crise climatique et la croissance du trafic individuel nous imposent deux mesures indispensables : à terme, la fin des voitures au moteur à combustion et une transition massive vers les transports en commun publics. Tout.e habitant.e d’une commune doit pouvoir se déplacer facilement sans voiture. En effet, le recours à la voiture individuelle doit être découragé. De même, les communes doivent mettre en place les conditions nécessaires pour garantir l’accès aux transports en commun, promouvoir la mobilité douce ainsi que pour protéger les piétons et les cyclistes. La protection de l’environnement et surtout la réduction des émissions de CO2 doivent être les objectifs qui chaperonnent les mesures d’urgence à mettre en place.

Pour cela il est primordial que les communes :

  • étendent les réseaux et les services de transports en commun existants tout en veillant aux adaptations des horaires train – bus – tram et à l’augmentation des fréquences de passage ;
  • assurent la proximité d’accès, la ponctualité et la priorité aux transports en commun ;
  • gèrent en main publique lestransports en commun ce qui implique la remunicipalisation des lignes de bus d’ores et déjà privatisées ;
  • mettent en place despistes cyclables sécurisées et construisent des voies rapides cyclables intercommunales;
  • réduisent la vitesse de circulation à 30 km/hdans les centres-villes et les quartiers résidentiels;
  • disposent d’un système de car-sharing unique et public avec des places de stationnement réservées à ces voitures partagées dans les quartiers et villages.

Pour la transition écologique communale et l’adaptation au changement climatique !

Au-delà des mesures de prévention du changement climatique par les politiques de transport, de rénovation de l’habitat, d’énergies renouvelables… il revient aux communes de prendre des mesures drastiques contre le changement climatique réel dont les conséquences sont déjà très considérables (canicules, fortes pluies, pollution de l’air), afin que la vie urbaine ne devienne pas de plus en plus insupportable. La densification constante de l’habitat ne fait que souligner la nécessité de verdir, d’humidifier, d’aérer et de rendre plus lumineux les espaces urbains.

 Il est donc essentiel que les communes précèdent à :

  • aménager beaucoup plus d’espaces verts à l’intérieur des villes et de replanter de façon appropriée et générale les arbres de rue;
  • protéger ou dégager les sources et les étangs ainsi que les fontaines et les puits afin qu’ils créent des courants d’air pour modérer les températures ;
  • rendre progressivement les revêtements routiers et les murs extérieurs des bâtiments aussi clairs que possible, afin qu’ils réfléchissent et n’emmagasinent pas la chaleur pour la nuit.

Pour une politique énergétique écosocialiste dans les communes !

Tout habitant.e doit avoir accès à l’eau courante, à l’électricité et au chauffage. L’énergie doit provenir d’une source renouvelable et être tarifée selon des critères sociaux et écologiques. Les communes doivent engager tous les moyens à leur disposition pour lutter contre le gaspillage et la surconsommation.

Elle doit également investir dans les technologies énergétiques alternatives qui permettraient de couvrir la consommation d’énergie électrique d’une ville et de réduire l’influence des grandes centrales énergétiques.

Pour cela il est primordial que les communes :

  • se lancent dans la production d’énergie renouvelable sous contrôle public et encouragent les initiatives individuelles et coopératives décentralisées de production d’énergie renouvelable ;
  • mettent en place des taxes échelonnées sur l’eau, l’électricité et le chauffage en fonction de la consommation tout en introduisant la gratuité  pour une quantité énergétique de base;
  • mettent en place des aides ciblées pour les habitant.e.s qui ont du mal à payer leur factures d’énergie ;
  • mènent une campagne publique d’assainissement énergétique des logements communaux et privés sur base d’un concept de financement des travaux de rénovation/isolation comprenant des aides non remboursables et des crédits remboursables en fonction du revenu disponible, tout en tenant compte des coûts énergétiques économisés.

Un logement abordable pour toutes et tous !

La pénurie de logements au Luxembourg est dramatique, surtout au niveau des logements abordables dont le besoin est urgent. Il ne suffit pas de gérer la pénurie existante, mais il s’agit de mettre en place une politique sociale active qui mise sur des logements abordables pour tous. Les communes ont des possibilités concrètes d’aménagement qu’elles devraient saisir pour soutenir activement la construction de logements et pour ne plus laisser personne dans la rue.

 Pour cela il est primordial que les communes :

  • s’engagent à mettre à disposition au moins 10% de  l’ensemble du parc de logements sous forme de logements locatifs publics d’ici 2030 ;
  • mettent en œuvre des projets pilotes « Housing First » sur le territoire de la municipalité afin de répondre aux besoins des personnes socialement exclues ;
  • créent à court terme des logements d’urgence communaux;
  • mettent à profit les logements vacants en les recensant et en soumettant les logements vacants depuis plus d’un an sans justification à une taxe à la charge des propriétaires laquelle sera doublée chaque année.

Nature et espaces verts

La bétonisation, le scellage et la destruction de I ’environnement continuent apparemment sans limites. Les constats des dégâts dans le récent quartier d’Esch/Belval sont le meilleur exemple de ces méfaits, mais on pourrait aussi citer les permissions pour les granges d’élevages de bovins pour 150 bêtes. Ou les luttes pour la préservation du Bobësch, menace par un contournement à Sanem, etc.

  • Il faut une politique de protection de la nature et des zones vertes communales, mais aussi dans les agglomérations et villes elles-mêmes. À côté du développement des parcs et jardins publics, il faut de véritables flots verts pour les humains et la biodiversité dans les quartiers résidentiels. Une reforestation et renaturation sont nécessaires
  • La canalisation des cours d’eau doit prendre fin et I ‘ouverture des ruisseaux et rivières doit devenir la règle.

Il faut limiter les centres commerciaux qui détruisent les espaces verts autour des villes et ce qui reste des petits commerces dans les centre-ville et les villages.

Jeunesse, sociale et solidaire

Pour pouvoir affronter les multiples problèmes il faut déclencher une véritable dynamique de changements et adopter de nouvelles approches. L’espace de la démocratie communale est limité mais on pourra montrer des voies et faire les premiers pas dans la direction d’une alternative écologique et socialiste.

  • Nous allons impulser des mouvements pour des « centres de jeunesse et de la culture autogérés », pour permettre à la jeunesse d’exprimer leur créativité, leur révolte et la volonté de changements.
  • Il faut recommunaliser les services privatisés ou externalisés et créer là où il le faut, de nouveaux services communaux sous un régime public avec du personnel fonctionnarisé.
  • On devrait organiser des jumelages solidaires avec des régions du monde et ses populations qui sont directement touchées par les changements climatiques et développer des coopérations.


Pour un avenir sans exploitation de l’homme et de la nature, nous devons nous organiser concrètement et trouver des solutions éco-socialistes. Le 19e congrès de la gauche à Colmar-Bierg a été un grand succès avec une large participation et de bons ateliers sur les sujets importants : la manipulation des indices, la guerre en Ukraine et l’égalité femmes-hommes dans le mouvement.

Pour une stratégie écosocialiste : sortir de la logique capitaliste !

Résolution principale

Le 19e Congrès de déi Lénk du 24 avril 2022 à Colmar-Berg, tenu sous le mot d’ordre « Zesumme géint d’Ausbeutung vu Mënsch an Natur », a tiré des premières conclusions du débat interne sur les nécessités d’une stratégie écosocialiste.

Ce débat a été commencé le 25.9.2019 par la présentation à la coordination nationale du papier « déi Lénk, mouvement écosocialiste ? Contribution aux réflexions stratégiques pour le travail politique et pour l’organisation interne de déi Lénk ». Il a été mené à l’intérieur des organes de déi Lénk en tant que processus commun et coopératif. Ralenti par la crise du Covid-19, rendant difficile les échanges personnels directs, relancé par le 18e Congrès de 26.9.2021 de déi Lénk à Remich, ce processus a finalement abouti, suite à une consultation des membres et des sections, à l’adoption de thèses provisoires par la coordination nationale. Les résultats de ce processus ont la vocation de continuer d’être soumis à la délibération interne de tous les membres de déi Lénk.

Sur base de tous ces éléments, le congrès admet la résolution suivante qui servira de base à la continuation des travaux et à l’élaboration des programmes électoraux pour les élections communale et nationale en 2023:

  1. La logique de l’accumulation capitaliste continue de dominer nos sociétés. Le capital privé tend à s’agrandir sans limites en s’accaparant les produits du travail humain. Avec la percée du néolibéralisme, la logique de l’accumulation financière s’est encore accentuée, encouragée par les politiques économiques libérales des gouvernants.
  2. Résultat : une concentration accrue de richesse et de pouvoir aux mains de la minorité possédante, la dépossession, l’incertitude, voire la pauvreté pour celles et ceux qui ne disposent pas de capital. Des inégalités intolérables – sociales, culturelles, et de pouvoir – au sein de nos sociétés de même qu’entre les pays riches et les pays pauvres. Et qui, sans changement de direction, pèseront aussi, voire plus sur les générations suivantes.
  3. La même logique néfaste de la priorité du profit privé est à l’origine des dérèglements écologiques : crise du climat, régression de la biodiversité, pollution, accumulation des déchets, marchandisation du vivant, bref la destruction de plus en plus galopante des bases essentielles de la vie.
  4. La concentration des pouvoirs économiques conduit aussi à une érosion de la démocratie. Sans revirement fondamental, nous entrons dans un cercle vicieux : moins de démocratie réelle et efficace, donc moins de chances d’inverser les rapports de pouvoir, donc moins de démocratie etc.
  5. S’il faut sortir de la logique capitaliste, cela ne veut pas dire qu’il faille attendre la grande rupture définitive pour changer les choses. A l’intérieur des sociétés capitalistes, il est possible de contrer au moins partiellement cette logique. Pour preuve : les exemples du droit du travail et de la sécurité sociale, le développement des services publics, l’émergence de nouvelles formes d’économie non centrées sur le profit.
  6. Mais la soif insatiable du capital veut envahir les sphères qui lui ont échappé. Force est de constater qu’il a déjà largement réussi. Ubérisation, privatisation des services publics, du secteur
    2
    des transports, des communications, de la santé et des soins. Il est urgent de changer de direction!
  7. Il faut briser le tabou d’une mise en question de la propriété privée du capital et promouvoir d’autres formes de propriété et de gestion: publiques, sociales, collectives, coopératives…
  8. S’il faut garantir l’accès de tous les humains aux biens et services essentiels, il faut aussi arrêter l’incitation permanente à la surconsommation nocive.
  9. Contre la concentration de richesses et de pouvoir en haut de la société, une redistribution inverse s’impose, par de nouvelles politiques économiques, fiscales, culturelles et un renouveau démocratique qui mérite son nom.
  10. Pour sortir de la logique capitaliste respectivement lui imposer des limites, on ne peut se fier à la raison ou la bonne volonté des gouvernants. Seule une forte résistance populaire, avec la perspective crédible d’alternatives pourra imposer des changements réels.
  11. Des luttes sur des revendications concrètes peuvent favoriser cette prise de conscience et faire voir la nécessité d’une convergence de ces luttes pour inverser les rapports de force.
  12. Cela suppose une nouvelle conscience des intérêts communs de celles et de ceux qui vivent de leur travail et non du rendement de leur capital. Une tâche essentielle de La Gauche sera de propager cette conscience commune.
  13. Il faudra déjouer la tentative d’opposer les préoccupations sociales et écologiques. Les dérèglements écologiques et leurs conséquences frapperont surtout celles et ceux déjà dépossédé/es socialement. Il faut donc arriver à faire converger les engagements écologiques, sociaux, démocratiques.
  14. Ecosocialisme, cela veut donc dire : rendre aux humains le pouvoir sur leurs conditions de vie, rendre à celles et ceux qui travaillent le contrôle sur leur travail, leurs outils et leur produit, et en même temps préserver les bases naturelles essentielles de notre vie commune pour nous et les générations suivantes.

(Résolution adoptée par le congrès du 24 avril 2022)
Résolution principale



Kongress 2021

Le 18e congrès ordinaire de déi Lénk a eu lieu le dimanche, 26 septembre, de 9h30 à 16h au:

CEFOS – Centre de formation et de séminaires

Résolution principale
Mobiliser pour une alternative éco-socialiste !


1 L´évolution internationale
2 Trente ans après la proclamation de la « fin de l’Histoire », l’humanité entre dans une période de
3 crises en cascade qui prennent des dimensions de catastrophes existentielles. Plus d’un quart de
4 siècle après le Sommet de Rio en 1992 et la Convention de l’ONU sur le changement climatique, les
émissions annuelles de CO2 5 ont augmenté de 60%. Depuis la crise financière de 2008, et davantage
6 encore pendant la pandémie du Covid-19, le système financier mondial est alimenté par des
7 politiques monétaires exceptionnelles et les subventions publiques sont devenues le moyen de
8 survie de l’économie néolibérale. Parallèlement, le chômage de masse et les inégalités sociales ont
9 augmenté partout, même dans les pays économiquement riches. Les délocalisations industrielles
10 et les privatisations continuent, avec comme corollaire la précarisation des statuts des salarié.e.s.
11 Les effets d’une crise écologique globale et multiple se manifestent partout et sur différents
12 niveaux, avec la crise climatique comme menace majeure sur l’avenir de l’humanité. La pandémie
13 du Covid-19 a souligné la vulnérabilité du système actuel-basé sur une course effrénée au profit à
14 tout prix-qui n’était absolument pas préparé, et qui n’a pas réussi à endiguer l’épidémie et à mettre
15 en œuvre très tôt pour tout le monde des produits non-pharmaceutiques protecteurs, des
16 médicaments et techniques médicales prévenant les formes graves et, maintenant, des vaccins
17 immunisants. Tout a été question de marchés, de brevets, dessous-de-table, privatisations et
18 profits. Sans surprise, la logique du commerce et de la rentabilité a devancé les critères
19 humanitaires de santé. Dans les pays pauvres, dominés et sous-développés, les crises prennent des
20 dimensions encore plus graves et catastrophiques. Alors que le néolibéralisme s’enfonce dans une
21 impasse, nous entrons dans une nouvelle ère d’instabilité globale.
22
23 Face à l’instabilité économique et financière, l’orthodoxie budgétaire a été jetée par la fenêtre et
24 remplacée par l’activisme des dépenses publiques. En décembre 2020, des mesures de relance
25 budgétaire d’un montant de 13.500 milliards de dollars, soit 15 % du PIB mondial, avaient été
26 décidées, c’est-à-dire 4 à 5 fois plus que pendant la récession de 2008/09. Aujourd’hui, sauvé par
27 les bras forts de l’État, aucun.e capitaliste n’ose plus revendiquer qu’on laisse agir librement la main
28 invisible du marché. En même temps, face aux nouvelles formes de capitalisme soutenu sans limites
29 par les caisses de l’État, personne n’oserai plus prétendre qu’un État fortement interventionniste
30 suffirait pour réaliser une société solidaire et juste.
31
32 La situation au Luxembourg
33 Au Luxembourg, la crise économique et idéologique créée par la pandémie du Covid-19 a secoué la
34 classe dirigeante. En quelques semaines, le pays s’est retrouvé dans un scénario d’urgence inédit :
35 afin de pouvoir assurer des mesures telles que le paiement du chômage partiel ou les aides étatiques
36 à l’attention des indépendant.e.s et des PME, le gouvernement a contracté des emprunts cumulés
37 à hauteur de 2,5 milliards auprès des marchés financiers, tout en bénéficiant de taux négatifs à la
38 faveur du « AAA ». Parallèlement, la stratégie de transformation néolibérale suit son cours au
39 Luxembourg, dans les banques et leurs services, dans les transports, la poste et d’autres services
40 publics via la digitalisation. En dépit des milliards d’euros mobilisés, là où les services publics
41 auraient dû être renforcés, ils sont maintes fois réduits. Étant donné qu’une partie importante de
42 l’électorat est rétribuée par la fonction publique étatique ou communale et assimilée, celle-ci n’a
43 pas ressenti une détérioration de son pouvoir d’achat suite à cette politique. Mais la situation n’est
44 pas la même pour le salariat du privé, qui – dans le cadre du chômage partiel – n’a obtenu que 80%
45 de son salaire et dont la protection à l’encontre des licenciements n’a pas été assurée.
46
47 La gestion de la pandémie est à l’image de la politique telle qu’elle est menée depuis des décennies
48 : elle est techno-libérale et elle ignore les besoins des parties les plus précaires de la population. A
49 l’instar des autres pays occidentaux dont nous partageons plus ou moins le même modèle politique
50 et socio-économique, les répercussions liées à la pandémie ont révélé de manière encore plus
51 intense les dysfonctionnements profonds du modèle capitaliste: des systèmes de santé qui ne sont
52 pas (ou mal) préparés aux crises, des réserves budgétaires et fiscales non mobilisées, le recours
53 exclusif à l’endettement sur les marchés financiers pour venir en aide aux salariés et aux
54 indépendants, des protections des locataires qui ne limitent que partiellement la casse ou encore
55 l’incapacité de prendre en charge correctement la gestion des crises émotionnelles et les troubles
56 mentaux liés à la pandémie.
57
58 Évidemment, celles et ceux qui étaient déjà invisibles en temps normal ne sont désormais plus
59 entendu-e-s du tout. Ainsi, les sans-abris, les réfugié.e.s, les personnes en situation irrégulière
60 dépendent de plus en plus de l’engagement d’organisations d’entre-aide ou caritatives.
61
62 Cette politique menée à partir de la perspective des plus favorisé.e.s se ressent également au niveau
63 scolaire : avec les cours à distance les disparités sociales se sont accrues d’avantage encore dans
64 l’école luxembourgeoise, dont le fonctionnement et l’enseignement sont structurellement adaptés
65 aux classes supérieures et moyennes. Les disparités sociales ont été davantage accrues.
66
67 Le Luxembourg est l’un des pays les plus riches et les plus pollueurs du monde par têtes d’habitants,
68 mais a aussi une société profondément inégalitaire. Durant des décennies, ce pays a vécu du profit
69 de l’industrie sidérurgique avant de passer aux miettes laissées par « l’industrie » financière. Si, en
70 contrepartie, la caste dirigeante a intériorisé le principe de la modération salariale, elle n’a pourtant
71 pas développé les services publics de manière à satisfaire les besoins élémentaires de tout.e.s, se
72 limitant à une politique de transferts sociaux, soutenus de plus en plus par l’impôt plutôt que par la
73 cotisation salariale patronale. Elle a sous-traité une partie de ces services au secteur privé et s’est
74 engagée dans une politique du laissez-faire tant dans le domaine du travail, que de l’éducation, du
75 logement et ainsi de suite… Les résultats néfastes de cette négligence systématique ne sont plus
76 uniquement ressentis par les plus pauvres, mais progressivement aussi par les catégories sociales
77 se situant au-dessus du seuil de pauvreté. Les plus jeunes générations sont particulièrement
78 touchées : marché du travail tendu, concurrence accrue, contrats de travail précaires (CDD et
79 intérim), salaires modestes et logements inabordables. Et s’il donne du travail à une main-d’œuvre
80 transfrontalière de plus en plus nombreuse, qui contribue à la richesse du pays, la redistribution vers
81 les régions limitrophes se fait attendre, source de nouvelles insatisfactions.
82
83 Celles et ceux qui représentent le gouvernement et la majorité au parlement ont tort de croire qu’ils
84 pourront continuer sur leur lancée, se faisant élire sur base d’un clientélisme qui se réduit en peau
85 de chagrin face à l’ampleur des problèmes de logement, du mal-vivre social et écologique, de la
86 menace de perte d’emploi, de garanties contre le chômage sous-développées, de développement
87 des inégalités sociales également parmi les couches salariales qu’on appelait jadis « moyennes ».
88 Ils/Elles ne pourront plus compter sur le statut quo, force d’un CSV en déclin historique, tandis que
89 se multiplient les couches salariales qui ne pourront compter que sur elles-mêmes et sur leurs
90 organisations de base qui, au Luxembourg, se mobilisent et luttent pour les droits des plus précaires
91 et des travailleuses et travailleurs.
18ième Congrès ordinaire de déi Lénk : Résolution principale
4
92 Du mouvement vers la marée
93 Notre société et économie ont été profondément changées par la pandémie. Si cela n’allait pas bien
94 avant, c’est encore pire maintenant. Alors que les plus petits ont le plus souffert de la situation, les
95 plus grands, les chaînes commerciales, les multinationales, la grande finance et bien d’autres encore
96 en sont sortis encore plus forts et ne sont pas disposés à partager. En tant que mouvement de
97 gauche, en tant que formation politique dédiée au salariat et à ceux qui n’ont rien, ici comme ailleurs
98 au monde, il ne suffit pas de se solidariser sous forme de communiqués et actions ponctuelles. Le
99 peuple en a marre comme nous, et ensemble, il faut former la marée qui balaye le système suite à la
100 tempête que nous vivons actuellement.
101
102 Constatant donc :
103
104 – que le Luxembourg est dominé par les intérêts de ceux qui vivent des rentes de la
105 place financière et de la grande propriété immobilière et foncière;
106 – qu’aucune alternative éco-socialiste n’est possible sans mobilisation massive de
107 celles et ceux qui n’appartiennent pas aux classes privilégiées;
108 – que déi Lénk, n’est pas suffisamment implanté au sein des catégories sociales que
109 nous voulons représenter;
110
111 Le Congrès invite la Coordination nationale
112
113 – à poursuivre le développement d’une alternative éco-socialiste axée sur la situation
114 au Luxembourg
115 – à mettre sur pied une stratégie d’ancrage dans la population, dont les travailleuses
116 et travailleurs, notamment les plus précaires; celles et ceux qui travaillent dans les
117 secteurs essentiels et qui satisfont les besoins de la population, celles et ceux sans
118 qui la société ne pourrait fonctionner;
119 – à concentrer le potentiel militant sur le travail d’organisation de base (« ground
120 organizing ») après avoir identifié les secteurs de militantisme prioritaires;
121 – à se fixer des objectifs concrets et chiffrés à atteindre pour le Congrès 2022

Documents du Congrès:

Le congrès aura lieu sous le régime COVID CHECK. Une traduction vers le français est assurée. Pour plus d’informations ou pour participer, contactez nous au sekretariat@dei-lenk.lu.

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