Au Nord du Grand-Duché il ne vaut mieux pas tomber malade ni enceinte.

Depuis lundi quatre avril, la maternité du Centre Hospitalier du Nord à Ettelbrück est fermée. Il n’y a plus assez de pédiatres pour assurer les urgences selon les exigences de la loi hospitalière de 2018. Ce risque est bien connu, depuis que le rapport Lair, publié en 2018, faisant l’état des lieux des professions médicales et des professions de santé au Luxembourg, mettait en garde contre la pénurie programmée de médecins. Aujourd’hui les conséquences se manifestent de la façon la plus évidente et inquiétante qui soit : Impossible de faire naître des enfants à la maternité d’Ettelbruck. Nous ne sommes pas en situation de guerre, ni en pleine crise sanitaire. Cette fermeture est clairement le signe d’un échec d’une politique de santé qui se détourne depuis longtemps déjà de sa mission de garantir l’accès de tous aux besoins de santé primaires.

Depuis des années déjà, les familles habitant l’Oesling doivent se rendre en ville si leur enfant est malade, comme il n’y a plus de garde pédiatrique à Ettelbrück.

En 2012, la maternité a été fermée à Wiltz et avec la fermeture de la maternité d’Ettelbrück, les femmes enceintes du Nord et du canton de Rédange se voient contraintes de se rendre à Luxembourg-Ville pour accoucher. Pour les patientes et les enfants qui vont naître, cette situation présente un réel danger de santé et constitue une source d’angoisses pour les futurs parents, spécialement en cas de grossesse à risque. Dans ce cas, les ressources humaines et les infrastructures font également défaut au Luxembourg, comme l’indiquent les réponses aux questions parlementaires posées par Nathalie Oberweis au sujet des prestations de soins en cas de naissances prématurées.

Le contexte de la fermeture de la maternité d’Ettelbruck dévoile un scandale politique. Le développement de la santé publique a été négligée de façon catastrophique au nom du profit. Au fil des années la politique de la santé a été mise entre les mains des économistes et organisée selon les règles du marché. Des lits d’hôpitaux ont été supprimés, la formation et les conditions de travail des professionnels de la santé ont été négligés. Actuellement les prestations les plus lucratives, comme l’imagerie médicale, sont en mesure d’être externalisées.

La loi hospitalière de 2018 a été imposée au secteur de santé sans participation des professionnels. L’imposition du système de garde actuel n’a pas pris en compte le manque de médecins spécialistes pourtant décrite dans le rapport Lair commanditée par le Ministère de la Santé. Il y a urgence. La santé publique doit être tirée des mains des lobbies de médecins libéraux et des boîtes de consulting qui sont les interlocuteurs privilégiés du gouvernement et de la ministre de la Santé.  Il faut transformer les hôpitaux en véritables établissements publics et démocratiser l’organisation de la santé publique pour pouvoir répondre aux besoins de santé de la population, soutenir le personnel et éviter la fermeture d’autres services et prestations.

Communiqué par déi Lénk

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