Le Luxembourg se trouve depuis de nombreuses années dans une véritable crise du logement. La pandémie du coronavirus exacerbe ce problème. Or, le gouvernement n’a jusqu’à présent pris aucune mesure pour protéger ceux qui sont le plus exposés à la crise du logement ou pour s’attaquer aux graves problèmes qui se poseront à la l’issue de la pandémie. Reste à savoir si le gouvernement veut vraiment s’atteler à cette tâche. En tout cas, le ministre du Logement est le grand absent dans la gestion de la crise du coronavirus.
La seule mesure prise il y a quelques jours par le gouvernement pour protéger les locataires est l’interdiction de les expulser durant la crise[1]. Depuis, d’autres mesures se font attendre. Tous les jours, le gouvernement nous exhorte à rester à la maison (#restezalamaison) pour endiguer la propagation du virus, alors que c’est justement le financement de cette maison qui pousse beaucoup de gens vers la pauvreté et vers le désespoir. L’actuelle crise montre une fois de plus à quel point le logement abordable pour tous est un élément crucial.
déi Lénk veut éviter qu’aux effets de la crise du coronavirus, ne se rajoutent ceux de la crise logement. Que ce soit durant ou après la pandémie. Nous voulons :
- loger au plus vite toutes les personnes sans domicile fixe ;
- protéger tant les locataires que les propriétaires contre les résiliations de contrat, les expulsions et la déconnexion des réseaux d’électricité, d’eau et de chauffage durant la crise ;
- protéger les locataires et les propriétaires contre les répercussions financières à court et à long terme.
Ces objectifs sont certes ambitieux, mais le gouvernement doit en faire une priorité absolue s’il souhaite garantir la cohésion sociale et la solidarité après la pandémie. déi Lénk propose les mesures d’urgence et les amendements suivants :
- Les sans-abris doivent être logés au plus vite. Des milliers de chambres d’hôtel sont actuellement inoccupées. L’Etat doit les louer durant la crise afin de les mettre à disposition des sans-abris.
- Des personnes qui ne peuvent rester chez elles en raison de conditions intolérables, comme par exemple dans le cas de violences domestiques, doivent se voir proposer des solutions similaires.
- A côté de l’interdiction d’expulser, les résiliations de contrats de bail ainsi que les augmentations des loyers doivent être suspendues durant la crise.
- En aucun cas, les ménages ne doivent être déconnectés des réseaux d’électricité, d’eau et de chauffage.
Les ménages confrontés à des pertes de revenus et donc à l’impossibilité de payer leur loyer ou de rembourser leur crédit immobilier, doivent bénéficier d’aides financières étatiques durant la crise.
- L’Etat doit prendre en charge les loyers et les mensualités à la hauteur des pertes de revenu des ménages. Cette mesure doit s’appliquer aux revenus ne dépassant pas 2,5 fois le salaire social minimum.
- Après la pandémie, l’Etat doit garantir qu’aucun résident ayant souffert financièrement de la crise, ne perde son logement.
- L’Etat doit aider de manière proactive les locataires à adapter des loyers excessifs (à court terme en passant par la commission des loyers, à moyen terme en adoptant notre proposition de loi sur le sujet).
Le prélèvement d’un impôt sur les logements inoccupés et les terrains constructibles en friche, ainsi qu’une imposition correcte des Fonds d’investissement spécialisé (FIS), contribueraient à financer les mesures proposées.
Pour discuter des répercussions de la pandémie du coronavirus sur la politique du logement et d’éventuelles solutions, déi Lénk a demandé au ministre du Logement d’assister à la commission parlementaire du Logement.
[1] Déi Lénk avait revendiqué une telle mesure dans une question parlementaire du 20 mars 2020