Pour un changement fondamental de la politique économique

>>> deutsche Fassung <<<

Le chômage élevé, la désindustrialisation, le manque d’investissements dans le développement durable, le démontage des services publics et de l’Etat social dans la zone euro sont autant d’indicateurs négatifs qui pèsent sur les élections européennes actuelles. L’orientation néolibérale de l’Europe a mis en échec les promesses en matière de développement économique et social qui avaient été faites au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et au-delà. Interdisant purement et simplement qu’un Etat membre aide un autre à rembourser ses dettes ou que la Banque Centrale Européenne achète des titres publics à l’émission, les traités de Maastricht et de Lisbonne ont barré la route à la solidarité économique et sociale des pays de l’Union, portant ainsi en germe le désastre ultérieur. Depuis la crise de 2008, le repli économique des pays de l’Union européenne s’est encore accentué. Le budget de l’Union, déjà marginal avec un cadre financier de l’ordre d’1 % du PIB européen et de 2 % de l’ensemble des budgets des Etats membres a encore été réduit de 35 milliards sur la période 2014-2020. Sous ces conditions, une politique économique d’ensemble au niveau de l’Union est illusoire. Quant à l’intervention individuelle des Etats membres, l’étroit carcan du déficit structurel limité à 0,5 % du PIB inscrit dans le Traité sur la Stabilité la Coordination et la Gouvernance (TSCG ), rend impossible des politiques contra-cycliques nationales. La focalisation des responsables européens sur la concurrence entre les Etats membres empêche de mener une politique industrielle commune. La politique agricole de l’Union, seul élément d’envergure d’une politique commune à côté de celle de la pêche, reste figée dans ses contradictions et risque d’être abandonnée à moyen terme. L’idéologie libre-échangiste a exposé le modèle européen à la compétitivité effrénée sans clauses sociales ou écologiques, provoquant ainsi son démantèlement progressif sous l’emprise du capitalisme déchaîné. Selon les voeux de la Commission et des députés conservateurs, libéraux et sociauxdémocrates du Parlement européen, ce libre-échange sans limites devrait trouver son apogée dans le futur traité transatlantique, rendant l’Europe dépendante des intérêts des entreprises multinationales.

déi Lénk veut:

1. Abolir les mesures de contrôle budgétaire et économique du «semestre européen » , qui se basent sur des critères d’austérité financière déraisonnables et mener une politique de développement véritable. La gouvernance actuelle est centrée sur les exigences des marchés financiers et elle bannit tout déficit et endettement public . Elle doit céder la place à une politique ayant comme objectif premier la satisfaction des besoins humains fondamentaux: alimentation saine et équilibrée, santé, logement, environnement propre et sain, protection sociale, mobilité écologique. Du fait que la croissance économique ne pourra pas résoudre pas le problème du chômage, le travail et la production doivent être réorganisés non selon les lois du marché, mais selon les besoins de la population et les capacités et limites du système écologique planétaire.

2. Développer la solidarité économique européenne:
a) Il faut augmenter substantiellement le Budget européen:
• pour pouvoir mener une politique contra-cyclique européenne
• pour renforcer la politique économique de régions défavorisées par des fonds structurels, permettant de relancer dans une perspective durable les régions faibles d’Europe
• pour mener une politique de satisfaction des besoins basée sur la reconversion écologique et la transition énergétique vers une économie hors du nucléaire et de bas carbone
b) Une Banque Centrale Européenne controlée démocratiquement doit être chargée de soutenir les Etats membres en cas de difficultés financières et de combattre le chômage.

3. Promouvoir l’économie sociale:
• en harmonisant vers le haut les systèmes sociaux, en garantissant la protection sociale et l’accès aux soins de santé de toutes les couches de la population et en accompagnant financièrement et au niveau des équipements le vieillissement de la population
• en favorisant par des lois européennes et des mesures concrètes l’économie solidaire non orientée vers le profit
• en promouvant et en protégeant d’anciennes et de nouvelles formes de propriété collective et autogérée, notamment des coopératives.

4. Tirer parti du marché intérieur et combattre le double immobilisme commercial et monétaire:
a) Il faut cesser la logique de la concurrence des lieux de production, définir ensemble les besoins et encourager le développement des entreprises européennes et la coopération entre elles
b) Il est urgent de relancer la sidérurgie européenne comme industrie clé du développement économique
c) L’investissement dans la recherche, où l’Europe a pris du retard doit être fortement augmenté:
• Il faut promouvoir la recherche publique notamment dans les domaines de la santé, de la production d’énergie, de la réduction des gaz à effet de serre, dans le domaine du transport, de l’agriculture durable, de l’éducation, de la participation démocratique
• Il faut refuser la logique des Public- Private-Partnerships au niveau de la recherche et promouvoir une recherche démocratique, hors du cadre d’une maximation des profits privés
d) Pour les traités commerciaux en vigueur et ceux à venir, les quatre critères essentiels suivants permettant de juger de la pertinence d’un accord de libre-échange entre l’Union et d’autres pays doivent impérativement être appliqués:
• la création d’emplois utiles, et cela à l’appui d’études d’impact
• la réciprocité en matière d’abaissement des barrières tarifaires et non tarifaires et de marchés publics
• le respect de normes de qualité sociale (interdiction du travail des enfants; salaire minimum, conditions satisfaisantes de travail, liberté syndicale, …) et environnementale (taxe carbone aux frontières)
• l’existence d’une clause de sauvegarde en cas de besoin pour les secteurs sensibles et de non-régression dans les domaines sociaux, environnementaux et fiscaux
e) La BCE doit mener une politique de change adéquate combattant la surévaluation de l’euro et la sous-évaluation du dollar.

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