Luxembourg: question d’actualité au sujet de symboles nazis arborés dans une exposition au Knuedeler

Madame le Bourgmestre,

Au Knuedeler figure actuellement l’exposition de photos « Ukraine d’aujourd’hui : la défense contre agression, la lutte pour la paix, la liberté et la démocratie », présentée par l’ambassade d’Ukraine en Belgique, la Mission d’Ukraine auprès de l’OTAN, avec le soutien du consul honoraire d’Ukraine à Luxembourg et en collaboration avec la Ville de Luxembourg.

Or sur l’une des photos, on voit un milicien, arborant sur sa casquette un emblème qui se compose d’une part du Soleil noir (“Schwarze Sonne”), qui était le symbole occulte du IIIe Reich et qui fut l’un des symboles favoris par le Reichsführer SS Himmler, et d’autre part de la Wolfsangel, emblème du NSDAP, emprunté par la 2e division SS Das Reich et que le code pénal interdit en Allemagne de montrer en public en tant que symbole d’extrême droite. La photo et les symboles décrits se trouvent en annexe à la présente.

L’emblème figurant sur la casquette du milicien l’identifie comme un membre du régiment Azov, qui est connu pour les penchants d’extrême droite, et même néo-nazis, de ses commandants et de beaucoup de ses membres. Pour souligner cela, je me permets de citer quelques extraits de l’article très fouillé figurant sur le site internet http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9giment_Azov. Je ferai abstraction dans mes citations, des nombreuses références de cet article, qui soutiennent les faits cités et qui pourront être consultés sur ce site.

« Le régiment Azov, connu aussi sous le nom des « hommes en noir » est une unité paramilitaire spéciale formée de volontaires ukrainiens intégrée à la garde nationale ukrainienne. Il est placé sous le commandement du ministère de l’intérieur d’Ukraine, et intégré aux « forces de défense » par l’État-major ukrainien. Il est composé d’environ 500 volontaires, venus surtout de l’Ouest de l’Ukraine, mais aussi pour certains du centre de l’Ukraine.

Le régiment Azov a été formé le 5 mai à l’initiative du député Oleh Liachko qui le finance en partie, et qui a été soutenu dès le départ par des organisateurs des manifestations de l’Euromaïdan de Kiev : Igor Mossiyitchouk, porte-parole de l’« assemblée sociale-populaire », Igor Krivoroutchko, membre du conseil politique du parti d’extrême-droite Secteur droit et Iaroslav Gontchar, l’un des organisateurs des manifestations d’Automaïdan en marge de l’Euromaïdan.

Il est financé par l’oligarque milliardaire ukraino-chyprio-israélien Ihor Kolomoïsky, nommé gouverneur de Dnipropetrovsk en mars 2014; Ihor Kolomoïsky offre des récompenses à ceux qui remettent des armes aux autorités, notamment 1 500 dollars pour un AK-47, l’arrestation d’un rebelle pro-russe vaut 10 000 dollars et la libération d’un bâtiment occupé par les séparatistes, 200 000 dollars. Ihor Kolomoïsky offre même un million de dollars à celui qui assassinera le député pro-russe et ancien candidat à la présidentielle ukrainienne du 25 mai 2014, Oleg Tsarev .(…)

Le gouvernement canadien qui enverra des troupes pour entraîner l’armée ukrainienne, refuse de former le régiment Azov pour ses sympathies au néonazisme.

Le commandant du régiment Azov est Andreï Byletsky, dirigeant d’un groupe ukrainien néo-nazi appelé l’Assemblée sociale-nationale qui déclara que : « La mission historique de notre nation dans ce moment critique est d’amener les races blanches du monde dans une croisade finale pour leur survie (…). Une croisade contre les sous-hommes menés par les sémites ». (…)

En mars 2015, dans un article du journal USA Today, un sergent du régiment Azov dénommé Alex reconnaît qu’il est « nazi » et que pas moins de 50% de ses compagnons d’armes le sont. En revanche, Andrey Dyachenko, porte-parole de l’unité, avance que pas plus de 10 à 20% des volontaires font état de convictions nazies et que le dénommé Alex n’est pas autorisé à s’exprimer pour le groupe.

Des volontaires [étrangers] sont venus combattre du côté pro-européen. Parmi eux : Mikael Skillt, ancien militaire de l’armée suédoise et membre du parti néonazi suédois Svenskarnas parti (« parti des Suédois »), qui a rejoint le régiment Azov en tant que commandant d’une petite unité de reconnaissance et tireur d’élite. Lors d’une interview au journal suédois Svenska Dagbladet, Mikael Skillt a déclaré que « son but est une Ukraine blanche » et « je suis nationaliste et je veux être avec des Européens blancs en Europe » sachant que pour lui, les minorités juives, russes et arméniennes ne sont ni blanches, ni européennes et voudrait dans ce but interdire les relations sexuelles interraciales. (…)  Le contingent français comprend dix ressortissants de l’Hexagone, dont Gaston Besson, un ancien militaire, mercenaire lors des guerres de Yougoslavie chez les commandos d’extrême-droite croates du HOS, où il lui est arrivé d’exécuter des prisonniers de guerre, partisan d’une « troisième voie » pour une Europe « libre, sociale, nationaliste et chrétienne » qui déclare ne pas exclure de s’attaquer au gouvernement pro-européen de Kiev, si les autorités officielles trahissent la révolution de Maïdan. (…)

Le régiment est spécialement formé pour prêter main forte aux opérations autour de la ville de Marioupol située au bord de la mer d’Azov et dont un certain nombre de bâtiments de l’administration locale ont été pris par les insurgés pro-russes en avril 2014. (…)

Le 6 août 2014, Amnesty International publie un rapport dénonçant qu’Oleg Liachko, accompagné de groupes paramilitaires, dont le bataillon Azov, enlève des personnes, les humilie et les maltraite et cela en toute impunité.

Un rapport de l’ONU rapporte des actes de violations des droits de l’homme, dont des détentions arbitraires et des actes de torture, commises par les forces armées ukrainiennes et par des forces paramilitaires attachées auprès du ministère de l’Intérieur comme le régiment Azov[. (…)

Un autre rapport d’Amnesty International dénonce que les paramilitaires pro-européens, dont ceux du régiment Azov, commettent des actes de crimes de guerre en exécutant des otages et des prisonniers pro-russes en les décapitant. (…)

Madame le Bourgmestre,

Je trouve scandaleux que la Ville de Luxembourg ait donné son accord à présenter au cœur de notre cité une photo qui, au nom d’une prétendue « lutte pour la paix, la liberté et la démocratie » rend hommage à un milicien d’un régiment composé, du moins en partie, de néo-nazis et qui arbore fièrement les symboles d’une idéologie d’extrême-droite, dont des milliers de citoyens de notre pays ont été victimes pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et cela à un moment où la Chambre des Députés et notre Premier ministre viennent de présenter des excuses à la communauté juive du fait de la responsabilité de l’autorité publique luxembourgeoise dans des actes fautifs commis durant l’occupation allemande, de 1940 à 1944.

Ma question est la suivante : qu’est-ce que le collège échevinal va entreprendre face à cet outrage ?

Veuillez agréer, Madame le Bourgmestre, l’expression de mes sentiments distingués.

Guy FOETZ

conseiller communal déi Lénk

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