Dans une étude sur le logement au Luxembourg publiée ce mois-ci par le think tank de la Chambre de Commerce, la fondation IDEA prétend que le STATEC, le CES et l’Observatoire de l’habitat aient mal calculés les besoins en nouveaux logements ces dernières années. Selon l’étude d’IDEA, la construction de 6.500 nouveaux logements par an entraînerait une hausse des prix. La même étude juge « paradoxale » la charge financière que représente le logement pour 80% des ménages interrogés par le STATEC en 2012.
Ainsi, les enquêteurs d’IDEA concluent que ces 80% des ménages qui doivent débourser 19% de leur revenu disponible pour se loger exagèreraient quelque peu leur cause. Si ce montant semble mesquin à leurs yeux, que diront-ils des 30% ou plus de dépenses pour le logement chiffrées par le rapport travail et cohésion sociale du STATEC en 2017 pour les cas des jeunes et des familles monoparentales ? Que dire des nombreux ménages à revenus modestes qui sont obligés de s’adresser aux instances publiques pour pouvoir accéder à un logement décent ? Le logement social ne représente que 2% du parc immobilier total au Luxembourg. Avant de s’avancer avec un chiffre quelconque sur les besoins de logements au Luxembourg, il suffit de se rappeler que dans toutes les régions du pays, les prix de tous les types de logement confondus augmentent actuellement de 5% par an en moyenne.
Enfin, l’étude de la fondation IDEA remet en cause un principe économique fondamental, à savoir la relation entre l’augmentation de l’offre et la baisse des prix. déi Lénk persiste à ce qu’un vaste programme de construction publique est indispensable pour augmenter sensiblement l’offre de logements abordables de qualité. Ce programme sera financé par la réserve du régime de pension et piloté par un nouveau Service Public de l’Habitat assurant sa gestion, sa conception ainsi que sa réalisation. De plus, une étude scientifique sérieuse sur les besoins réels en logements au Luxembourg doit permettre de construire selon les besoins des (futur.e.s) résident.e.s.
La construction de nouveaux logements étant une mesure à long terme, il s’agit de renforcer l’accès et les droits des locataires dès que possible au vu de l’explosion des prix des loyers. Durant la législature actuelle, déi Lénk a soumis deux propositions de loi à la Chambre des Députés, dont la première vise à limiter la caution locative à un mois de loyer et la prise en charge des frais d’agence par le commanditaire (souvent le propriétaire). La deuxième vise à réduire l’écart croissant entre l’évolution des prix des logements et l’évolution du coût de la vie. Il n’est pas étonnant que la première proposition de loi n’ait pas été favorablement reçue par la Chambre de Commerce, vu le déni de la crise du logement dont témoigne l’étude IDEA en question.
Un troisième point d’attaque pour contrer la crise du logement consiste à mobiliser le logement existant. Avec l’entrée en vigueur du « pacte logement » en 2008, les communes peuvent percevoir une taxe communale sur les logements vides et les terrains non-bâtis. A ce jour, seul un petit nombre de communes a osé mettre en œuvre cette mesure. déi Lénk revendique que le pacte logement soit modifié afin de rendre obligatoires ces taxes communales tout en clarifiant les doutes juridiques quant au recensement des logements vides et des terrains non-bâtis.
La crise du logement ne sera pas maîtrisée en jonglant avec des calculs statistiques, ni en accumulant des débats débouchant toujours sur les mêmes constats. Il faut agir maintenant et s’engager pour un réel changement de la politique du logement.
(communiqué par déi Lénk)