Monsieur le Président,
Dans un article du « Lëtzebuerger Land » de ce jour, de graves reproches sont adressés au Gouvernement. Celui-ci est accusé en conclusion d’être « allé brader par paquet de trois aux émirs du Qatars des fleurons de l’industrie luxembourgeoise. Il faut maintenant rendre des comptes ».
On peut résumer ainsi la trame des accusations :
– Lors des accords de 2011 entre le Luxembourg et l’Emirat du Qatar il aurait été promis une vente de 35% des parts de Cargolux à Qatar Airways pour le montant de 117,5 millions.
– Comme d’un côté les actionnaires privés d’alors de Cargolux (BIP, Luxempart) auraient jugé par après ce prix largement insuffisant et auraient refusé de vendre leurs parts pour ce prix, mais que d’un autre côté M. Frieden se serait engagé de façon non révocable pour ce prix, il aurait été procédé à un montage financier occulte lors duquel les investisseurs privés auraient reçu un prix disproportionné par rapport à la valeur de leurs propres parts dans Cargolux au détriment des investisseurs publics et parapublics qui se seraient vus lésés pour leurs parts.
– Le montage financier aurait été effectué non seulement pour cacher ce traitement privilégié des actionnaires privés à la population, soumise à une politique d’austérité, mais aussi à la Commission européenne qui n’aurait pas manqué de considérer cet avantage sans contre-partie économique comme une aide de l’Etat illicite.
– Déjà en décembre 2009 les statuts de Cargolux auraient d’ailleurs privilégié les actionnaires privés « comme si, implicitement, on avait préparé le lit aux actionnaires privés, en leur offrant de manière anticipée une sorte de primauté dans le droit de sortie du capital de Cargolux. » L’article en question ne fait cependant pas mention du contenu de l’ »accord de portage » conclu la même année pour l’achat des anciennes parts de la Swissair et surtout pas du donneur d’ordre occulte de cet accord qui pourrait déjà avoir été l’Etat du Qatar.
Au vu de ces accusations très graves de bradage de l’intérêt public, d’abord en faveur d’investisseurs qataris, ensuite en faveur des anciens actionnaires privés de Cargolux, je vous demande de convoquer le Parlement pour obliger le Gouvernement à rendre compte de l’intégralité des accord conclus avec le Qatar et en particulier des accords conclus dans le secteur de l’aviation (Cargolux et Luxair). Je demande que tous les accords soient soumis au Parlement.
Je demande en particulier que ma demande d’interpellation sur le même sujet soit traitée lors de ce débat public. Je formulerai aussi à cette occasion une demande de mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, car je considère que cette affaire qui, devant le refus permanent de communiquer du Gouvernement vis-à-vis des députés élus, ne progresse que par les enquêtes de la presse, est en train de prendre les allures d’une véritable affaire d’Etat dépassant de loin l’affaire Wickréng-Léiweng.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma parfaite considération.
Serge URBANY