Question parlementaire concernant l’éloignement du territoire de personnes ayant déposé une demande en sursis

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 80 du règlement de la Chambre des Députés, je vous prie de bien vouloir transmettre la question parlementaire suivante à Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration.

En date du 27 novembre, 8 familles issues du Monténégro et d’Albanie, dont un certain nombre d’élèves du Lycée Technique du Centre (LTC), ont été sujettes à l’exécution d’un retour forcé vers leur pays d’origine respectif. Cet événement a suscité un certain émoi, notamment auprès de la direction du LTC qui a décliné toute forme de collaboration avec les agents de la Police Grand-ducale dépêchés sur les lieux afin de procéder à l’exécution de la décision d’éloignement du territoire du ministère des Affaires étrangères et de l’Immigration.

Parmi toutes ces personnes tombant sous une décision d’éloignement, notons la présence d’un petit garçon âgé de 4 ans, sourd-muet et en attente d’une transplantation chirurgicale au Luxembourg, ayant bénéficié auparavant d’un sursis à l’éloignement pour raisons médicales. Selon nos informations, ce petit garçon et sa famille se trouveraient actuellement au Centre de rétention.

Concernant ce cas spécifique, une demande de prolongation du sursis à l’éloignement avait été envoyée au Ministère et renvoyée pour avis au médecin délégué sans qu’une décision y relative n’avait été prise le jour de son placement en rétention. Selon l’article 131 de la loi modifiée du 29 août 2008, un sursis à l’éloignement ne peut être accordé que pour la durée maximale de 6 mois, renouvelable jusqu’à une durée maximale de 2 ans. Toutefois, aucun délai n’est imparti ni au ministre, ni au médecin délégué pour prendre une décision par rapport à cette demande de sursis à l’éloignement, alors que, dans la pratique, l’avis du médecin délégué peut prendre jusqu’à un an avant d’être transmis au ministre.

Etant donné que la demande d’octroi d’un sursis n’a pas d’effet suspensif par rapport à la décision de retour, la personne concernée voit souvent, dans la pratique, son sursis à l’éloignement expirer avant qu’une prolongation de ce sursis ne lui ait été accordée, ce qui a pour conséquence que cette dernière devient sujette à l’exécution d’office d’une décision de retour, d’autant plus qu’aucun texte n’oblige le ministre à rendre un nouvel arrêté prévoyant l’exécution de la décision de retour. Ainsi, l’exécution de la décision de retour ne peut être contestée par l’intéressé, ni au moyen d’un référé, ni au moyen d’une demande de mesure de sauvegarde devant le tribunal administratif afin d’empêcher son éloignement dans l’attente de la réponse à sa demande de prolongation de sursis.

Dans ce contexte, j’aimerais poser les questions suivantes à Monsieur le Ministres des Affaires étrangères et de l’Immigration :

1)    Dans quelle mesure les forces de l’ordre ont elles accès à l’information d’une demande de prolongation d’un sursis à l’éloignement en cours de la personne concernée par un contrôle d’identité ?

2)    Quelle est la durée moyenne du traitement d’une demande d’un sursis à l’éloignement pour raisons médicales à partir du dépôt de la demande jusqu’à la prise de décision par le ministre ?

3)    Pendant cette période, quelle est la durée moyenne incombant au traitement du dossier par le médecin-contrôle ?

4)    Combien de personnes par année, sur les dix dernières années, se sont-elles trouvées dans une situation analogue ?

5)    Existe-t-il une norme de quelque nature que ce soit qui oblige le ministre à informer les personnes concernées par un éloignement de la date et de l’horaire de l’exécution de leur éloignement et ce moyennant une décision ministérielle attaquable devant le tribunal administratif et notifiée à la personne dans un délai suffisant avant l’exécution effective et ce également en cas d’éloignement sans placement préalable au centre de rétention  ?

6)    La loi règle-t-elle la situation d’une personne ayant bénéficié d’un sursis à l’éloignement ayant expiré et attendant une réponse à une demande de prolongation de ce sursis, alors qu’elle se trouve en situation de pouvoir être sujette à l’exécution de la décision de retour prononcée à son encontre, ou bien cette situation est-elle entourée d’un vide juridique ?

7)    Dans le cas d’un vide juridique, par quels moyens appropriés estimez-vous qu’il faille y remédier ?

8)    Dans ce cas, n’estimez-vous pas qu’il soit préférable de suspendre les éloignements de personnes ayant déposé une demande de sursis et d’en notifier toutes les autorités compétentes, en particulier la Police Grand-ducale, aussi longtemps que ce vide juridique n’ait été comblé ?

Serge Urbany,
Député

-> Réponse

 

Question parlementaire concernant la situation des locataires dans les foyers pour travailleurs immigrés

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 80 du règlement de la Chambre des Députés, je vous prie de bien vouloir transmettre à Madame la Ministre de la Famille et de l’Intégration la question parlementaire suivante:

Il me revient qu’à la fin de l’année 2013, la nouvelle de la dénonciation de baux de 15 travailleurs immigrés logeant au Foyer pour travailleurs immigrés à la rue de Mühlenbach à Luxembourg, avait été à l’origine d’un grand émoi de la part des intéressés. En clair, ces 15 personnes devaient déguerpir en plein hiver, c’est-à-dire pour le 1er janvier 2014. Finalement, le Ministère de la Famille avait accordé un sursis de six mois, sursis qui devrait donc venir à échéance au mois juin de cette année.

En 2012 déjà, 14 locataires d’un tel foyer, situé sur la route de Thionville à Luxembourg, ont vu leur bail annulé et ont dû quitter les lieux.

Vous n’êtes pas sans savoir que les travailleurs installés dans ces foyers se trouvent généralement dans une situation très précaire: ils travaillent pour la plupart dans le secteur du bâtiment et se retrouvent souvent au chômage technique. Vu les prix du marché du logement et les conditions d’octroi d’un bail (garantie correspondant à deux, voire trois loyers), il leur est extrêmement difficile de trouver un logement décent et abordable.

Dans ce contexte, je me permets de poser les questions suivantes à Mme la Ministre de la Famille et de l’Intégration:

– Madame la Ministre peut-elle m’indiquer ce qu’il adviendra des locataires précédemment visés par la dénonciation du bail au foyer sis à la rue de Mühlenbach?

– Le foyer situé à Mühlenbach continuera-t-il à accueillir des travailleurs immigrés ou est-il destiné à un autre objet?

– Madame la Ministre peut-elle me confirmer que tous les locataires de tous les foyers sont dûment informés de leurs droits et devoirs et si oui, par quels moyens?

– Selon l’hebdomadaire Contacto, l’OLAI (Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration) avait envoyé en date du 21 octobre trois ou quatre lettres supplémentaires de dénonciation du bail pour le 1er janvier 2014. Or, le sursis de six mois avait été accordé aux 15 personnes en question une semaine avant l’arrivée de ces nouvelles lettres. Quelles sont les raisons de cette incohérence?

– Quelle est la réglementation actuelle concernant le séjour dans ces foyers? A-t-elle subi des modifications jusqu’à présent?

– Madame la Ministre envisage-t-elle une réforme des conditions d’octroi et de séjour dans ces foyers et si oui, quelle en serait la teneur?

– Qu’est-il advenu du foyer situé aux abords de la route de Thionville à Luxembourg? Est-il actuellement occupé et, le cas échéant, par qui? Dans le cas contraire, Madame la Ministre peut-elle m’indiquer ce qu’elle compte faire de cet établissement?

Respectueusement,

Justin Turpel
Député

-> Réponse

 

Question parlementaire concernant les enseignements et les actions de réparation suite aux traitements inhumains subis pas un citoyen tunisien expulsé du Luxembourg

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 81 du règlement de la Chambre des Députés, je vous prie de bien vouloir transmettre à Monsieur le Premier Ministre, Ministre d’Etat ainsi qu’à Messieurs les Ministres de la Justice et de l’Immigration la question parlementaire suivante :

Après une vaste opération de police le 31 mars 2003 et des perquisitions dans les milieux musulmans au Luxembourg, Monsieur Salmi Taoufik Kalifi, ayant la double nationalité tunisienne et bosniaque, fut arrêté et accusé d’appartenir à un réseau islamiste terroriste. Pourtant, on ne sortit aucune preuve des activités criminelles présumées. M. Taoufik fut  expulsé le 4 avril 2003 vers la Tunisie.  Un avis détaillé de la Commission  Consultative des droits de l’homme de décembre 2003 a fortement critiqué l’opération de police, l’expulsion – et le manque de collaboration des instances responsables pour son enquête. A une question parlementaire du député Serge Urbany du 6 août 2003 : « Le Gouvernement estime inopportun de répondre » (Réponse du 17 septembre 2003), en raison notamment de « la protection des secrets intéressant la sécurité extérieure de l’Etat ».

Les violations des droits de l’homme par le régime tunisien étaient déjà bien documentées par des ONG comme Amnesty international, et les dangers que l’expulsé devait encourir auraient dû être connus. Et en effet, Salmi Taoufik fut arrêté à l’aéroport par la police tunisienne, détenu au secret, longuement torturé, et finalement condamné en 2006 par un tribunal militaire à 6 ans de prison. Sorti de prison en 2009, il restait pourtant sous surveillance de la police. Le reportage récent dans un hebdomadaire luxembourgeois rappelle les souffrances subies par Salmi Taoufik et sa famille et leurs séquelles («Folter auf Lebenszeit ») et précise que celui-ci entend demander des comptes aux responsables – inclusivement à l’Etat luxembourgeois.

Je voudrais donc prier Messieurs les Ministres de répondre aux questions suivantes :

1. Le Gouvernement est-il prêt à rouvrir le dossier et fournir toutes les informations concernant les perquisitions et les expulsions de 2003 ? Et notamment :

2. Y eut-il des inculpations, des condamnations – respectivement des dédommagements de familles « perquisitionnées » ?

3. D’où émanaient les informations concernant le prétendu réseau islamiste ?

4. Qui disposait de quelles preuves concernant ce réseau ?

5. Les autorités luxembourgeoises ont-elles collaboré dans cette affaire avec les autorités tunisiennes, et si oui, en quoi consistait cette collaboration ?

6. Pourquoi le ou les suspects ne furent-ils pas soumis à la juridiction nationale ?

7. Après l’expulsion et les premières informations faisant état de la détention et des tortures, le Gouvernement est-il intervenu auprès des autorités tunisiennes, si oui, par quels moyens, et avec quels résultats ?

8. Le Gouvernement envisage-t-il une réparation morale et matérielle des torts affligés à Monsieur Salmi Taoufik et sa famille ?

9. La réparation morale éventuelle inclura-t-elle une enquête fournie des événements de 2003, dont les résultats seraient accessibles aux personnes concernées et au public ?

10. Actuellement, un ressortissant de la République Démocratique du Congo, défenseur des droits de l’homme, craignant pour sa sécurité et sa vie dans son pays d’origine, en est – après deux refus – à sa troisième demande d’asile. Les enseignements de l’affaire Salmi Taoufik ne devrait-elle pas inciter à plus de circonspection en ce qui concerne le traitement de telles demandes ?

En vous remerciant d’avance, Monsieur le Président, ainsi que Messieurs les Ministres, je vous prie de bien vouloir accepter l’expression de ma très haute considération.

André Hoffmann

-> Réponse

 

Question urgente sur la menace d’expulsion de Nigérians

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 81 du Règlement de la Chambre des Députés, je vous prie de bien vouloir transmettre à Monsieur le Ministre de l’Immigration la question parlementaire urgente suivante:

Cinq personnes originaires du Nigéria sont en attente, au Centre de Rétention, d’être éloignées du territoire et renvoyées au Nigéria.

Or la situation actuelle au Nigéria, les affrontements et les graves violences entre les différentes communautés, les massacres et l’insécurité politique ne sauraient garantir le respect des droits de l’homme dans ce pays. Selon mes informations, les cinq ressortissants nigérians menacés d’expulsion appartiennent à la communauté chrétienne, qui a été l’objet, récemment, de violences sanglantes et de massacres.

Quelle est la réaction de Monsieur le Ministre aux préoccupations que lui ont signalées les associations regroupées dans le Collectif Réfugiés ?

Vu la situation très dangereuse au Nigéria, Monsieur le Ministre serait-il prêt à reconsidérer sa décision ?

En vous remerciant d’avance, Monsieur le Président, ainsi que Monsieur le Ministre, je vous prie d’accepter l’expression de ma très haute considération.

André Hoffmann

-> Réponse

Question parlementaire concernant Expulsions forcées vers le Kosovo

Monsieur le Président,

Conformément à l’article 81 du Règlement de la Chambre des Députés, je vous prie de bien vouloir transmettre à Monsieur le Ministre de L’immigration la question parlementaire urgente suivante:

Selon mes informations, ce mercredi, le 4 novembre 2009, 29 personnes originaires du Kosovo et appartenant à des minorités ethniques – dont bon nombre de jeunes mineurs, en partie scolarisés au Luxembourg – seraient confrontées à une expulsion forcée vers leur pays d’origine par les forces de l’ordre luxembourgeoises.

Sachant que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, Monsieur Antonio Guterres, s’était opposé en mars 2009 à tout retour forcé vers le Kosovo de membres de certaines minorités ethniques;

sachant que le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Monsieur Thomas Hammarberg, a déclaré dans son rapport publié en juillet 2009 sur la situation du Kosovo; ” The Commissioner appeals to governments ln Europe to avoid forced returns of minorites te Kosovo and to regulate the status of those ln their host country until conditions ln Kosovo permit their safe return Il, et que Monsieur Hammarberg a insisté sur le fait que le gouvernement du Kosovo accepterait les retours forcés sous pression politique, mais qu’il n’a pas les budgets, ni les capacités d’accueillir des familles rapatriées en dignité et en sécurité, et que ce mime rapport conclut: “Many of those forcibly returned are not assisted by the Kosovo authorities and find themselves horneless” ;

sachant que le taux de chômage au Kosovo était autour de 45% en 2008 et que le taux de pauvreté s’élevait à 37% selon les données de la Banque mondiale,

je voudrais prier Monsieur le Ministre de 11mmigratlon de répondre aux questions suivantes:

1. De quelles Informations concernant le Kosovo le gouvernement luxembourgeois disposerait-il qui le mèneraient à des conclusions contraires à celles formulées par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés et le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe?

2. Est-ce que le Ministère de l’Immigration prévoit d’autres expulsIons forcées vers le Kosovo dans un futur proche?

3. Quel sera le suivi de ces personnes au Kosovo en matière de logement, d’emploi, de revenu et de sécurité par Je gouvernement luxembourgeois? De quels moyens le gouvernement luxembourgeois se dote-t-Il pour empêcher que les rapatrié-e-s se retrouvent Immédiatement dans une situation d’insécurité et de très grande précarité sociale ?

4. Quelles mesures le gouvernement luxembourgeois prévoit-il pour garantir une scolarisation adéquate des jeunes et enfants victimes d’une expulsion forcée vers le Kosovo?

5. Est-Il exact qu’aucun Ministère compétent ne pouvait répondre aux questions fondées des mandataires ou des proches des expulsé-e-s [e Jour de leur arrestation, et comment justifier un tel mépris des graves préoccupations des’ personnes concernées?

En vous remerciant d’avance, Monsieur le Président, ainsi que Monsieur le Ministre, je vous prie d’accepter l’expression de ma très haute considération.

André Hoffmann

-> Réponse

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